Artiste inclassable et protéiforme, qui fut dessinateur, graveur, peintre et sculpteur et qui n’appartint qu’à une seule école : celle de la liberté, Steinlen disparu il y a cent ans a créé une œuvre extrêmement prolifique et engagée, tant l’artiste associa art et politique, en se faisant témoin critique de son temps.
Steinlen fit circuler ses motifs d’une technique et d’un médium à l’autre, entre presse illustrée, art du livre, affiche et tableau. Le peuple des humains, mais aussi celui des chats qui en est comme un double carnavalesque mais à l’irréductible étrangeté animale, sont les principaux sujets de l’artiste qui s’intéressa également aux genres classiques de la peinture, en particulier le nu et le paysage, une part moins connue de sa production mais un genre qu’il a pratiqué tout au long de sa carrière.
Dans des compositions aux couleurs souvent sombres et à l’horizon dessiné haut – comme dans les estampes japonaises – il donne une vision poétique de la campagne, souvent isolée et inoccupée, image d’un ailleurs désiré. Méfiant envers toutes les chapelles, ouvertement anticlérical, Steinlen croyait en la mission sociale et politique de l’art, comme voie et voix vers un monde meilleur.