Le musée des beaux-arts de Dijon - qui est accessible gratuitement - est situé dans un ancien palais princier, le seul en France avec le Louvre. Depuis 2008, il fait l’objet d’un colossal chantier de rénovation intérieure et extérieure mené sur dix ans et en deux phases par Éric Pallot (architecte en chef des monuments historiques) et Yves Lion (architecte urbaniste des Ateliers Lion), pour un coût de 60 M€ HT financé par la Ville, le Grand Dijon, le Conseil régional de Bourgogne et l’État pour un tiers. À terme, soit vers 2019, « l’objectif est de permettre de présenter 40% d’œuvres supplémentaires », souligne Sophie Jugie, directrice du musée, soit 3000 à 3500 œuvres visibles au lieu de 2 300. La première tranche achevée concerne le parcours Moyen Âge et Renaissance, ainsi qu’une partie des façades et la cour de Bar, point d’accès au musée. Cette cour de Bar, qui comme la tour éponyme évoque le Roi René, duc de Bar qui fut emprisonné dans les lieux de 1431 à 1436, a échangé ses pavés contre un revêtement en béton et fonte couleur rouille pour répondre à des impératifs d’accessibilité pour tous. L’entrée du musée a été couverte d’un toit d’un alliage de cuivre doré, tout aussi controversé que la cour, mais qui apporte à l’édifice une touche contemporaine et de couleur et dialogue avec les nombreux toits aux tuiles jaunes vernissées de la ville.
Ouvert le 7 septembre 2013, le parcours Moyen Âge et début Renaissance modernisé est abrité dans le palais des ducs de Bourgogne et la galerie de Bellegarde particulièrement bien restaurés. Il nous mène du Ve au XVe siècle avec comme pièce phare les tombeaux des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean sans Peur, chefs d’œuvre de l’art médiéval avec leurs anges aux grandes ailes dorées et surtout leurs pleurants, ces petites statuettes d’albâtre placées entre les arcatures des tombeaux et qui viennent de faire une tournée internationale durant la rénovation du musée. Une opération de promotion très réussie. Les tombeaux, demeurés dans l’église de la chartreuse de Champmol jusqu’à la Révolution, sont remarquablement mis en valeur dans la haute et immense salle des gardes ornée d’une imposante cheminée blanche sculptée. Admirables aussi les deux retables sculptés, peints et dorés, réalisés par deux artistes flamands pour la chartreuse de Champmol ; un peu à l’étroit tout de même dans la nouvelle salle qui leur est dédiée. Le parcours se poursuit avec le Moyen Age en Europe et plusieurs chefs-d’œuvre de la peinture telle cette Nativité par le Maître de Flémalle, vers 1435 ou encore cette autre huile sur bois représentant l’Empereur Auguste et la Sibylle de Tibur, par Konrad Witz.
L’Italie est en tête en ce qui concerne la Renaissance avec un beau choix de peintures (Lorenzo Lotto, Bernardo Luini, Giorgio Vasari, Le Titien, Jacopo Bassano, Véronèse...) et un ensemble d’objets d’art (majoliques, verrerie, orfèvrerie…). Mais les autres pays ne sont pas en reste comme en témoigne cette Femme nue endormie de Dirk de Quade van Ravesteyn (1570) ou cette Dame à sa toilette de l’École de Fontainebleau (vers 1580) ; des tableaux encore installés dans les parties non rénovées du musée. Elles peuvent s’enorgueillir de peintures de premier plan, notamment du XVIIe (Présentation au Temple de Philippe de Champaigne, Entrée du Christ à Jérusalem et Lavement des pieds de Rubens, Le souffleur à la lampe de Georges de La Tour issu de la donation de Pierre et Kathleen Granville), et leur parcours muséal ne manque pas d’un certain charme qui, on l’espère, sera sauvegardé lors de la deuxième phase de restauration du musée, prévue entre 2015 et 2019.
Catherine Rigollet (septembre 2013)
Actualité 2019 : Du 1er janvier au 16 mai 2019, seule la salle des tombeaux restera accessible aux visiteurs par l’accès « passage du logis du Roy ».
Après plus de 10 ans de travaux, le musée des Beaux-Arts de Dijon ouvrira toutes ses portes le 17 mai 2019. L’artiste Yan Pei Ming inaugurera le nouveau musée avec son exposition L’homme qui pleure, investissant les espaces d’exposition temporaire et les collections permanentes.
Visuel page expo : Cour de bar (détail).
Salle des tombeaux et Tombeau de Philippe le Hardi, (détail des pleurants sous les arcatures) © Musée des beaux-arts de Dijon, photo François Jay.
Visuel page d’accueil : Dirk de Quade van Ravesteyn, Femme nue endormie, vers 1608 © Musée des beaux-arts de Dijon, photo François Jay.