Cette exposition est la première en plus de 40 ans à révéler l’œuvre si moderne de l’artiste néerlandaise Suze Robertson (1855-1922), innovatrice par sa manière expressive de dessiner et de peindre à larges et rapides coups de pinceau dans des couleurs issues de sa propre vision de la réalité.
À l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Suze Robertson, le Musée Panorama Mesdag à La Haye où elle a vécu et travaillé, présente une rétrospective unique avec plus de quatre-vingts de ses peintures et dessins. On y découvre ses sujets de prédilection, quelques paysages mais surtout des personnages simples, souvent des enfants et des femmes dans des activités du quotidien. Des peintures aux gros traits puissants et expressifs, comme ce portrait figé et austère de la gouvernante Pietje Prins, sur un fond rehaussé à la feuille d’or qui lui apporte un éclat de lumière et beaucoup de singularité. Un portrait comptant parmi ses œuvres les plus emblématiques. « Mais peu de gens savent qu’il existe trois versions de cette composition. La série complète est présentée dans cette exposition ; un événement unique », de l’avis de Suzanne Veldink, conservatrice invitée au Musée Panorama Mesdag. Un travail sériel que l’on retrouve aussi dans des vues de la Porte de Harderwijk ou le portrait d’Adolphe Boutard.
Tout au long de sa vie professionnelle, Suze Robertson a cherché sa propre voie, sans se préoccuper des thèmes propres à la peinture dite féminine, n’hésitant pas à faire un scandale pour qu’elle-même, puis ses élèves puissent dessiner à partir d’un modèle nu. Son travail a souvent été décrit comme « trop viril, trop gros, pas assez beau ou féminin ». Elle ne se souciait pas de ses critiques, disant : « Il vaut mieux s’opposer que d’être ignoré. » Une quête personnelle qui, loin de la tendance Barbizon insufflée à la même époque par l’École de La Haye et représentée par des artistes comme George Hendrik Breitner, Johan Hendrik Weissenbruch, Hendrick Willem Mesdag, puis un Vincent van Gogh encore entre tradition et modernité avant son départ pour la France en 1886, lui confère un rôle de pionnière de l’art moderne et de l’expressionnisme néerlandais.
« Le Museum Panorama Mesdag a un lien particulier avec Suze Robertson et son art. Les fondateurs du musée – Hendrik Willem Mesdag et Sientje Mesdag-van Houten – étaient ses amis. Ils ont collectionné son travail et eux aussi ont exposé l’art de Suze Robertson dans le musée à leur époque. Nous sommes convaincus que cette exposition et la publication qui l’accompagne garantiront que, cent ans après sa mort, Robertson se verra accorder la place qui lui revient dans le canon de l’histoire de l’art des Pays-Bas. Il était temps », assure Minke Schat, directeur du musée. Suze Robertson a consacré près de quatre décennies à construire un œuvre dans lequel chaque peinture ou dessin porte sa signature visuelle singulière, empreinte d’une certaine mélancolie.
C.R
À noter : Le musée possède aussi le Panorama de Scheveningen, peint en 1881 par le célèbre artiste Hendrik Willem Mesdag. Cette peinture panoramique réalisée de telle manière que celui qui se tient en son centre profite d’une œuvre d’art qui l’entoure à 360°, est le plus ancien panorama au monde conservé dans son bâtiment d’origine.
Visuels : Suze Robertson, Bleaching Meadow, c. 1895–98, aquarelle sur papier, 28.5 x 25.2 cm, collection privée. Photographe : Venduehuis Den Haag.
Suze Robertson, Pietje – Girl Reading, c. 1898, huile sur panneau avec or, 42 x 32 cm, collection privée. Photographe : Rik Klein Gotink.
Suze Robertson, Church in Katwijk, c. 1908–12, huile sur toile, 89 x 77 cm, Centraal Museum collection, Utrecht, acheté en 1943.
