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Toutânkhamon. Légende et trésor du plus iconique des pharaons

Le fabuleux trésor découvert dans sa tombe, la soi-disant malédiction qui entoure la violation de son tombeau et de sa momie, les suspicions sur les causes criminelles de son décès, et la mort précoce à 18/19 ans de ce pharaon dont on a voulu faire disparaître le nom (son père Akhénaton considéré comme hérétique, ayant voulu imposer le culte exclusif d’un seul dieu, Rê, le dieu du soleil), ont contribué à la fascination que Toutânkhamon exerce depuis 1922.

On avait oublié jusqu’à l’existence même de ce jeune pharaon souffreteux jusqu’à ce que le 4 novembre 1922, Howard Carter découvre enfin la tombe royale de ce fils d’Akhénaton et de Nefertiti (la fameuse momie Younger Lady ?). Miracle des tests ADN qui permettent aujourd’hui de remonter l’ascendance familiale et de révéler aussi que ses parents étaient frère et sœur ; lui-même épousera sa sœur dont il aura deux enfants mort-nés. Une consanguinité qui n’était pas rare, assumée pour assurer la pérennité du sang royal, mais dont on ne connaissait pas encore les graves conséquences. Si toutes les représentations de Toutânkhamon valorisent un bel éphèbe sportif, chassant du haut de son char lancé au galop…la réalité est loin de la propagande. Toutânkhamon avait une constitution fragile, un pied bot handicapant (ce qui explique les nombreuses cannes retrouvées dans sa tombe), il avait contracté la malaria, et certains ont même avancé qu’il pouvait être atteint de crises d’épilepsie. Si les causes exactes de sa mort demeurent difficiles à établir, l’hypothèse de son assassinat a été écarté par la science. Reste la légende d’un enfant devenu pharaon de la 18e dynastie à l’âge de 9 ans, qui régna brièvement, mais dont la beauté et la richesse des 5000 objets déposés dans sa tombe pour l’accompagner dans l’au-delà lui ont assuré l’immortalité.

En 1967, une première exposition au Petit Palais à Paris avait réuni une trentaine d’objets provenant du tombeau de Toutânkhamon, dont son fabuleux masque d’or…et attiré 1,2 million de visiteurs. Cinquante-deux ans plus tard, ce sont 150 objets que le public peut admirer, parmi lesquels de nombreux objets personnels du jeune souverain qui l’ont accompagné dans la vie et dans la mort. Parmi les pièces les plus fascinantes : plusieurs statuettes en bois doré de Toutânkhamon (dont celle debout sur une panthère) ; un naos (mini-temple) en bois doré entièrement décoré de scènes de la vie quotidienne de Toutânkhamon ; des cercueils miniatures qui préservaient chacun un organe embaumé. Et un grand sarcophage noir avec les mains incrustées d’or tenant la crosse et le fléau, un pectoral en or, des sandales en or et de surprenants doigtiers s’ajustant « à la perfection aux doigts de Toutânkhamon » est-il précisé sur le cartel.

S’il n’y a pas le fameux masque d’or (interdit de le déplacer), les bijoux sont somptueux, toujours d’or et de pierres précieuses, notamment un pectoral incrusté de scarabées en lapis-lazuli. Plus émouvant, cette paire de gants en lin brodé de soie que le roi a peut-être portée pendant les hivers froids de la région de Memphis où il a vécu la majeure partie de sa vie. Et ce fauteuil en bois incrusté d’ébène et d’ivoire, dont la petite taille laisse à penser qu’il servait au roi au début de son règne, quand il n’était encore qu’un petit garçon.

Outre la scénographie immersive qui fait briller chaque œuvre-d’art dans une pénombre bleutée et permet d’en admirer toutes les facettes, l’exposition est passionnante et didactique. Au fil d’un parcours très fluide, elle renseigne sur la fonction de chaque objet funéraire et explique les rituels (comme franchir les douze portes du monde des morts), fait la part belle aux découvertes récentes sur la vie et la mort de Toutânkhamon, raconte en images l’aventure de la découverte du tombeau oublié depuis près de 3300 ans et présente un plan du tombeau.

À l’issue d’une tournée mondiale, les objets présentés rejoindront, vers 2022, la collection permanente du Grand Musée Égyptien en construction au Caire, près de la Pyramide de Khéops, à Gizeh. La dépouille momifiée du pharaon repose quant à elle dans son sarcophage, dans son tombeau de la Vallée des Rois.

Catherine Rigollet

Visuels page expo : Statue en bois du roi coiffé de la couronne blanche.
Naos en bois doré présentant des scènes de Toutânkhamon et Ankhésenamon. Bois, gesso, feuille d’or. H. 50,5 cm.
Sarcophage. La momie de Toutânkhamon était étroitement enveloppée dans des bandelettes pour garder son corps intact et immobile et permettre sa résurrection dans l’au-delà.
Barque solaire miniature en bois peint avec deux pagaies (en tout, 35 bateaux miniatures se trouvaient dans le tombeau). 1336-1326 av. J.-C. Grand musée égyptien.
Howard Carter et Lord Carnarvon (financeur des fouilles), devant le tombeau, 1922.
Visuel page d’accueil : Cercueil miniature canope à l’effigie de Toutânkhamon. 1336-1326 av.J.-C. Or, verre coloré, cornaline. H. 39,5 cm – L. 11 cm. Louxor, Vallée des Rois, KV62, chambre du trésor.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 mars au 15 septembre 2019
Grande Halle de la Villette
211, avenue Jean Jaurès 75019
Tous les jours, de 10h à 20h
Plein tarif : 22 € en semaine / 24 € W.E, vacances et jours fériés. Audio-guide : 6 €
Réservation conseillée : 0892 390 100
www.expo-toutankhamon.fr