Nichée au cœur des Puces de Saint-Ouen, presque cachée au fond d’une cour derrière sa façade grise, la nouvelle galerie – 500 m2, murs blancs ici et tuyauterie apparentes là sous une vaste verrière – fondée par trois ex-collaborateurs d’Yvon Lambert, fait un pari audacieux. Pour sa première exposition, le trio (Olivier Belot, Mélanie Meffrer Rondeau et Alexa Brossard) a choisi deux artistes et dix œuvres, jouant avec les volumes des salles (une grande et deux petites mais d’autres espaces seront exploitables si nécessaire).
« Jeu de ping-pong entre les deux artistes », dit Olivier Belot, en montrant Objet trouvé, trois doigts (index, annulaire, auriculaire) blancs en marbre de Carrare posés à même le sol par l’artiste britannique Jonathan Monk (né en 1969), puis les chapeaux du Canadien Rodney Graham (né en 1969) en grandes photos en noir et blanc, ou émergeant miraculeusement, pour l’un d’entre eux, d’une plaque d’acier.
Conceptuelles aussi les huit autres œuvres, incluant un plateau d’argent (Monk), une porte en verre et argent (Graham), un hibou empaillé dont la tête tourne sur 360 degrés (Monk). Si les doigts de Monk évoquent, et ce n’était pas le but, les fragments de statues qui jonchent maintenant certains musées ou sites archéologiques du Moyen Orient, les œuvres des deux artistes font surtout écho à leur environnement, ces Puces où l’on peut dénicher toutes sortes d’objets insolites et où on aurait pu découvrir, pourquoi pas ?, certaines de ces œuvres. Ping-pong surtout entre thèmes et media, entre humour et art.
Un bon moment certes, mais que nous réservera la prochaine exposition ?
Elisabeth Hopkins
Visuel : Jonathan Monk, Objet Trouvé (little finger), 2015. White Carrara marble (Bianco P) 45 x 48 x 121 cm. Weight : ca 450 kg. Unique + 1AP