Cette riche collection de peintures et d’œuvres d’art, joyau du patrimoine londonien est également fascinante par l’histoire de son fondateur, le collectionneur Richard Wallace.
Joyau du patrimoine londonien, la Collection Wallace, installée à Hertford House, l’ancienne demeure de ses fondateurs, impressionne d’emblée par l’opulence de ses salles et la qualité des œuvres exposées. À la mort de Sir Richard Wallace (1816-1890), présumé fils naturel de Richard Seymour-Conway, IVe marquis de Hertford et de Agnes Jackson-Wallace, la collection dont il a hérité et qu’il a complétée, fut léguée à la nation britannique par sa veuve, Lady Wallace (née Julie Amélie Charlotte Castelnau, à Paris, 1819-1897). Avec une condition : que le musée ainsi créé prenne son nom et que la collection reste intacte.
CHEFS-D’ŒUVRE DE LA PEINTURE ANCIENNE
Devenu musée national et ouvert en 1900 au public, il compte quelque 5 000 peintures et objets d’art (du XVe au XVIIIe siècles), collectionnés au fil des ans par quatre générations de la famille Hertford, et exposés dans 25 galeries, dont la spectaculaire Grande galerie restaurée en 2014 avec son rouge pompéien d’origine. La Wallace Collection, second musée d’Angleterre pour sa collection de peintures anciennes, est riche de Titien (Persée et Andromède), Rembrandt (Autoportrait de 1637 / Titus, le fils de l’artiste), Hals (Le Cavalier riant), Poussin (La Danse de la vie humaine), Velázquez (La Dame à l’éventail), Teniers (Les fumeurs), Guardi (Santa Maria della Salute), Canaletto (Deux vues de Venise), ou encore Rubens (Paysage à l’arc-en-ciel).
WALLACE, LE PLUS FRANÇAIS DES ANGLAIS
Né à Londres, mais élevé à Paris par son père naturel -resté célibataire- dont il va hériter sans avoir jamais été reconnu (ce qui lui vaudra plusieurs procès par des cousins anglais), Richard Wallace (qui a décidé de prendre le patronyme de sa mère) a complété la riche collection familiale par des œuvres d’art français du XVIIIe siècle. On y découvre des peintures de Boucher (diptyque du Coucher et du Lever du soleil), Fragonard et sa coquine balançoire (Les Hasards heureux de l’escarpolette), son tableau le plus célèbre et récemment restauré, Watteau et sa Fête galante, mais aussi du mobilier et des objets d’art du Siècle des Lumières dont des armes, de l’orfèvrerie (Augsburg), de la verrerie (Venise) et de fabuleux émaux peints de Limoges (XVIe-XVIIe).
L’HOMME DES FONTAINES
Collectionneur, philanthrope (il distribue des subsides aux assiégés parisiens pendant la guerre de 1870 et fonde un hôpital franco-britannique à Levallois), héritier de nombreuses demeures dont le château de Bagatelle dans le Bois de Boulogne où il finira sa vie, Richard Wallace est parfois plus connu du grand public pour les fontaines du même nom qu’il a financées après la guerre de 1870. Installées pour fournir de l’eau « potable » dans les rues de Paris (on en trouve désormais dans d’autres villes), elles furent conçues comme de véritables œuvres d’art par le sculpteur Charles-Auguste Lebourg. En fonte peinte en vert, elles sont ornées de quatre cariatides, chacune d’entre elles représentant une allégorie : la Simplicité, la Bonté, la Sobriété et la Charité. L’autre facette d’un personnage aux origines mystérieuses, mais à la vie passionnante. Vous l’aurez compris, lors d’un séjour à Londres, la visite de La Wallace Collection est un incontournable.
Catherine Rigollet