En 1960, Yayoi Kusama (née en 1929 au Japon) écrivait : « ma vie est un pois perdu parmi des millions ». Un constat métaphysique devenu une ode à un motif insignifiant mais fondamental et constitutif de son œuvre. Cette rétrospective entend immerger le visiteur dans l’univers obsessionnel, singulier et avant-gardiste de l’artiste qui a évolué au cours d’une extraordinaire carrière artistique longue de sept décennies.
Avant-gardiste, mais en marge des courants dominants, son œuvre radicale et troublante, issue d’un désordre intérieur et de beaucoup d’hallucinations (enfant, elle voyait les fleurs rouges d’une nappe s’envoler et se poser autour d’elle, elle entendait la voix du vent et elle parlait aux nuages…), est très construite et finalement extrêmement lucide.
Des premiers dessins qu’elle a réalisés adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale à ses créations immersives les plus récentes (Salle des reflets infinis – Un souhait de bonheur humain provenant d’au- delà de l’univers, 2020), l’exposition réunit une sélection de deux cents peintures, sculptures, performances, images en mouvement, installations de grandes dimensions et documents d’archives.
Organisée de manière chronologique et thématique, le parcours articule la production de Kusama autour des grands thèmes et des grandes questions qui ont guidé ses explorations créatives (l’infini, l’accumulation, la connectivité radicale, la nature cosmique, la mort et l’énergie vitale) et situe ainsi les œuvres dans les diverses réalités politiques et sociales vécues par l’artiste.
C.R