Après ses expériences immersives et expositions publiques en XXL à Lyon, le Zoo Art Show -créé par Antoine Roblot à Lyon en 2018- s’installe pour quelques mois à Paris. Plus précisément sur le parvis de La Défense (Courbevoie), investissant 4000 m2 répartis sur 4 étages d’un immeuble vide noyé au milieu des buildings de verre, avec les œuvres de 500 artistes français et internationaux. La plupart venus créer leurs œuvres in-situ durant une dizaine de semaines.
Immersion dans l’univers du street art dès le hall d’entrée, avec des portes de métro taguées et deux grandes fresques illustrant le Zoo Art Show avec des animaux de la planète (nous les humains ?) embarqués dans un wagon sans locomotive d’un côté et sur un radeau de l’autre...
La suite nous attend sur quatre étages qu’on peut visiter dans le désordre. Mieux vaut toutefois partir du haut et descendre pour suivre l’historique du street art. Il commence au cinquième étage avec le « Vandal Squat » : une véritable plongée dans les origines brutes et rebelles de l’art urbain qu’évoquent dès la sortie de l’ascenseur des dizaines de bombes aérosols empilées et une odeur soutenue imbibant l’atmosphère. Règne ici une ambiance de squat des années 80/90. Époque où, via la culture Punk puis Hip-Hop, le tag, le graffiti old school et le collage sauvage recouvraient les rames du métro, mais aussi les ponts, les portes, les murs des villes. Un peu iconoclastes dans ces bureaux tertiaires vitrés surplombant la grande place du quartier d’affaires, ils envahissent tout l’espace, du sol au plafond, comme une fresque infinie de signatures (blazes le plus souvent) multiculturelles.
Le quatrième étage révèle la créativité débridée de la scène street art des années 90/2000 (« Streetart Maze »), période où le graffiti se transforme en véritable art urbain et s’ouvre au grand public. La technique se perfectionne, le lettrage se complexifie, le dessin prime, prend du sens, explose de couleurs. C’est l’étage le plus attractif avec ses immenses peintures murales qui, si on n’y retrouve pas toutes les techniques, mêlent tous les univers, du politique au girly en passant par le sociétal, la BD, l’humour, le fantastique…
Dans chaque espace, des QR code à scanner permettent d’en savoir plus sur chaque artiste, d’Astro à Zenoy en passant par Bates, Brusk, Cane2, Case Maclaim, Chanoir, Dize, Insane 51, JonOne, Seth, T-Kid...
Le troisième étage (« Urban Playground ») fait la part belle aux installations numériques et immersives, à l’illusion d’optique. Comme l’artiste Ruptur qui aime mélanger les genres, réinterprétant pour le Zoo Art Show le motif du moucharabieh à l’aide de la technique du pochoir. Au deuxième étage, le street d’art sort complètement des murs et s’encadre (« Art Show ») avec un espace « galerie » (notamment la Taxie Gallery de Valeriane Mondot, spécialisée en graffiti) dédié aux œuvres hors les murs avec quelques figures plus connues du grand public comme Jérôme Mesnager inventeur de l’Homme en blanc, « un symbole de lumière, de force et de paix » qu’il a reproduit à travers le monde entier. Ou Thoma Vuille, créateur de M.Chat qui avec son grand sourire est devenu une figure iconique de la rue.
Né dans la rue, le street art s’est fait progressivement une place dans les musées et galeries d’art et est aussi sollicité par les acteurs publics. Une nouvelle conquête urbaine, parfois éphémère comme les œuvres du Zoo Art show parisien qui disparaitront à la fin de l’année. Mais n’est-pas l’essence même du street art originel.
Catherine Rigollet
N.B Sur réservation d’un créneau obligatoirement.
Les enfants devraient aussi se faire plaisir.
