Abbaye de Chaalis

Abbaye de Chaalis

Les ruines de l’abbaye de Chaalis se dressent dans un parc, au cœur de la forêt d’Ermenonville, près de Senlis et de Chantilly. Fondée en 1136, cette grande abbaye cistercienne est née de la volonté du roi Louis VI le Gros désirant commémorer la mémoire de son cousin, Charles le Bon, comte de Flandre, assassiné par ses sujets révoltés en 1127. L’abbaye connaît un important rayonnement spirituel au Moyen Âge, puis à la Renaissance elle fait l’objet de dépenses somptuaires. L’architecte Sebastiano Serlio aménage le domaine et Hippolyte d’Este, archevêque de Milan, fils de Lucrèce Borgia, nommé abbé de Chaalis en 1541 par François 1er, fait peindre des fresques dans la chapelle Sainte-Marie. Cette petite merveille gothique construite trois siècles plus tôt par Pierre de Montreuil (l’architecte de la Sainte Chapelle) est étonnante par la hauteur de ses vitraux qui occupent la presque totalité de la partie murale et apportent une incroyable lumière au lieu.

Les fresques de Primatice

Ce sont des artistes italiens qui sont appelés pour réaliser les fresques. Francesco Primaticcio (1504-1570), dit Primatice, peintre bolonais, qui travaille alors à décorer le palais de Fontainebleau, donne des dessins et semble-t-il, intervient personnellement sur le chantier comme en témoignent des reprises à sec découvertes sur les fresques lors de la restauration en 2006. Chef-d’œuvre du maniérisme introduit en France par les artistes de Fontainebleau et notamment Primatice, le décor de la chapelle Sainte-Marie révèle l’influence de l’œuvre de Michel-Ange, Raphaël ou Jules Romain, rencontrés au cours de sa carrière et de ses voyages.

Ces fresques qui ont bien failli disparaître, vont s’inscrire définitivement dans l’histoire de l’art. En effet, après la Révolution française, l’église abbatiale et le cloître sont en ruines. La chapelle Sainte-Marie fait l’objet d’une première restauration « très enjolivée », dans les années 1870. Une nouvelle campagne menée de 2005 à 2006 a définitivement permis d’attribuer la paternité des fresques à Primatice (les historiens de l’art ont longtemps vu dans le décor de Chaalis la main de
Nicolò dell’Abate) et a rendu toutes les subtilités des couleurs et du dessin à cet ensemble unique baptisé "chapelle Sixtine de l’Oise”, et qui ravit le poète Nerval en son temps avec : « tous ces anges et toutes ces saintes [qui] faisaient l’effet d’Amours et de nymphes aux gorges et aux cuisses nues ».

Les collections de Nélie Jacquemart-André et la galerie Jean-Jacques Rousseau

Au milieu du parc, l’ancien bâtiment monastique construit au XVIIIe siècle est transformé en château au milieu du XIXe siècle, dans un esprit romantique très à la mode. Nélie Jacquemart, voyageuse, collectionneuse, peintre amateur et veuve du riche banquier Edouard André, achète l’abbaye de Chaalis en 1902 pour abriter les très nombreux objets (boiseries, vasques, tapis, meubles, sculptures, tableaux...) rapportés d’Égypte, d’Inde, de Birmanie ou de Turquie. À sa mort, dix ans plus tard, elle lègue à l’Institut de France son hôtel du boulevard Haussmann et le domaine de Chaalis. Elle sera inhumée dans la chapelle Sainte Marie conformément à ses dernières volontés. Le château devient alors musée et ses collections y sont exposées, notamment deux panneaux d’un polyptyque de Giotto peints entre 1320 et 1337, représentants Saint Jean l’Evangéliste et Saint Laurent. Ce sont les pièces phares de ce musée un peu suranné qui pèche par une trop grande accumulation de meubles, objets et tableaux.
Les amoureux de Jean-Jacques Rousseau ne manqueront pas la galerie qui lui est consacré au deuxième étage et qui abrite des dizaines de portraits et bustes à l’effigie du philosophe des Lumières. On y découvre aussi des pages de son herbier, des lettres et quelques reliques comme ses derniers couverts, sa canne et son écritoire.

Catherine Rigollet (reportage 2011)

Visuels : Giotto. Saint-Jean l’Évangéliste et Saint-Laurent, 1320-1328, panneaux peints sur bois, 150x62cm. Autoportrait de Nélie Jacquemart, 1880 (Paris, musée Jacquemart-André). Photos Institut de France (sauf vitraux et sculpture du tombeau de Nélie Jacquemart-André © L’Agora des Arts.

Parc et ruines de l’église abbatiale

Parc et ruines de l'église abbatiale

château

château

Fresques de Primatice dans la chapelle

Fresques de Primatice dans la chapelle

Autoportrait de Nélie Jacquemart-André

Autoportrait de Nélie Jacquemart-André

Retable de Giotto

Retable de Giotto

Roseraie

Roseraie

vitraux de la chapelle

vitraux de la chapelle

Sculpture de Nélie Jacquemart-André sur son tombeau - Chapelle Sainte-Marie

Sculpture de Nélie Jacquemart-André sur son tombeau - Chapelle Sainte-Marie
Infos pratiques

Abbaye royale de Chaalis
60300 Fontaine-Chaalis
Château-musée, parc, roseraie, ruines de l’église abbatiale et chapelle
Toute l’année
Plein tarif individuel : 10 €
Tél. 03 44 54 04 02
https://www.domainedechaalis.fr

 La très romantique roseraie connaît son plus beau moment lors des Journées de la rose, chaque année, le deuxième weekend du mois de juin

 A lire :
« Primatice à Chaalis », sous la direction de Jean-Pierre Babelon, éditions Nicolas Chaudun, 2006, ISBN : 2-35039-027-6, 45 €.
« L’abbaye royale de Chaalis et les collections Jacquemart-André ». Editions du Patrimoine. 2007. 7€