Château d’Ancy-le-Franc. Le Palais de la Renaissance Italienne en Bourgogne

Situé dans l’Yonne, aux abords de l’Armançon et du Canal de Bourgogne, le château d’Ancy-le-Franc est bâti au cœur d’un parc de 50 hectares. Représentatif de l’art de vivre à la Renaissance, le château est un parfait quadrilatère à quatre pavillons d’angle, doté d’une élégante cour carrée rythmée par des doubles pilastres et des niches. Ce véritable palais est l’œuvre de Sébastiano Serlio, le célèbre architecte italien appelé en France par François Ier.

Bâti entre 1542 et 1554 pour Antoine III de Clermont-Tallard, beau-frère de Diane de Poitiers, le château d’Ancy-le-Franc a été classé par Androuet Du Cerceau (1520-1586) comme « l’Un des Plus Excellents Bâstiments de France », et servit de modèle à l’architecte Lescot pour sa reconstruction du Louvre en 1546. Il renferme par ailleurs une collection exceptionnelle de peintures murales des XVIe, XVIIe et XIXe siècles.

Propriété des Clermont-Tonnerre jusqu’en 1683, le château devient à cette date la propriété du 1er Marquis de Louvois, François-Michel Le Tellier, célèbre ministre de guerre de Louis XIV, qui va se charger d’un vaste projet de jardin à la Française. Les héritiers du Marquis de Louvois sont contraints de s’en séparer en 1844 et ironie du sort, c’est la famille des Clermont-Tonnerre, Gaspard Louis-Aimé de Clermont-Tonnerre, qui acquiert de nouveau le château et restera propriétaire des lieux jusqu’en 1981. Entre 1940 et 1981 les propriétaires sont les princes de Mérodes de Belgique. Il va ensuite connaître quelques années d’extrêmes négligences, d’ambitions avortées et de dégradations, avant d’être enfin repris en juillet 1999, par la société Paris Investir SAS. Depuis, il est l’objet d’une constante restauration de ses murs, comme de ses décors intérieurs, d’une rare qualité. Une seconde Renaissance.

Antoine de Clermont avait un goût prononcé pour l’Italie et pour la culture antique. Pour décorer les appartements et les salles de réception, il a fait appel à des artistes de l’École de Fontainebleau, notamment au maître du maniérisme, Le Primatice, et à des peintres bourguignons et flamands des XVIe et XVIIe siècles.

Après avoir traversé la cour, on est accueilli dans l’ancienne Salle du Conseil. Au premier étage, l’appartement du roi est constitué d’une Salle des Gardes immense et richement décorée qui servait de salle de réception et qui jouxte une salle à manger, anti-chambre du Roi. Les trois autres ailes abritent une succession de chambres, salons et galeries, tous ornés de beaux lambris sculptés et décorés, de plafonds à caissons, de sols en marbre ou à carreaux noirs et blancs aux motifs géométriques.

Parmi les plus belles pièces, la Chambre des Arts, à l’origine la chambre du Comte Antoine de Clermont, possède un décor de médaillons attribué au Primatice, représentant les sept arts libéraux (logique, rhétorique, musique, géométrie, arithmétique, grammaire et astronomie), un huitième médaillon est consacré aux muses et attribué à Ruggiero de Ruggieri et au Maître de Flore. La galerie de Pharsale doit son nom à ses peintures murales, un monumental camaïeu ocre de 32 mètres de long, représentant la célèbre Bataille qui a opposé Jules César à Pompéi en 48 avant J-C. Une guerre violente évoquée par des chevaux massifs aux expressions presque humaines (qui parfois ne manquent pas d’humour dans les regards), des soldats nus et casqués, épées brandies…Un chef d’œuvre entre réalisme et caricature attribué à Niccolo dell’Abate et Ruggiero de Ruggieri, les principaux collaborateurs du Primatice à l’École de Fontainebleau (XVIe siècle). La chambre de Judith, installée dans l’une des quatre tours quarrées est décorée de peintures évoquant l’histoire de l’héroïne biblique, représentée sous les traits de Diane de Poitiers. Des portraits attribués à Nicolas de Hoey, artiste flamand de l’École de Fontainebleau. Très originale, la Chambre des Fleurs possède des boiseries peintes d’une trentaine de fleurs toutes différentes par leur espèce et leur forme. Remarquables enfin, la Galerie de Médée avec son décor italien à grotesques impressionnants et la chapelle peinte par André Meynassier, artiste bourguignon.

Le rez-de-chaussée abrite la mystérieuse Salle aux échos (hélas fermée pour cause de mauvaise état) et surtout la Chambre de Diane, l’une des plus belles pièces du château. Somptueusement décorée au XVIe siècle pour la célèbre belle-sœur du commanditaire du château, Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri III, et restaurée grâce aux subventions et l’aide de la DRAC Bourgogne.

On ne quittera pas le château sans une promenade dans le parc agrémenté de jardins à la française et à l’anglaise, d’une orangerie et d’un vaste étang doté d’un îlot avec une folie du XVIIIe, endroit duquel on tirait des feux d’artifices.

Catherine Rigollet

Visuels : copyright Château d’Ancy-le-Franc.

Château d’Ancy-le-Franc

Château d'Ancy-le-Franc

Ancy-le-Franc vu de l’Orangerie

Ancy-le-Franc vu de l'Orangerie

Cour d’honneur

Cour d'honneur

Galerie de Pharsale

Galerie de Pharsale

Salle à manger

Salle à manger

Chambre des Fleurs

Chambre des Fleurs

Détail peinture - Chambre de Judith

Détail peinture - Chambre de Judith

Détail Galerie de Pharsale

Détail Galerie de Pharsale

Détail peinture - Chambre de Diane

Détail peinture - Chambre de Diane

Etang et Folie XVIIIe

Etang et Folie XVIIIe

Ancienne cuisine

Ancienne cuisine

Chambre des Arts

Chambre des Arts
Infos pratiques

Château d’Ancy-le-Franc
18, Place Clermont-Tonnerrre
89160 Ancy-le-Franc
De février à mi-décembre
Ouvert tous les jours
Billet Château, Exposition, parc & jardins : 13€/11€
Tél +33 (0)3 86 75 00 25
https://www.chateau-ancy.com/fr/


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