Constant Pape (1865-1920). La banlieue post-impressionniste

À Meudon, où son père tient une auberge, Constant Pape (1865-1920) côtoie dès son jeune âge les peintres de plein-air qui viennent poser leur chevalet dans la campagne environnante. À leur contact, il développe le goût pour la peinture de paysage et pour les motifs chers aux peintres de Barbizon tels Français, Guillemet et Corot et aux Impressionnistes comme Cézanne et Pissarro qu’il rencontre lors de ses séjours à Auvers-sur-Oise.

Dans de nombreuses petites pochades sur panneaux aux tons vifs et sur de grandes toiles aux vastes ciels lumineux et aux touches larges et vives, il immortalise cette banlieue encore verte qui tend à disparaitre grignotée par l’urbanisation et les usines qui s’implantent le long des berges et de la voie ferrée. Une peinture empreinte de nostalgie où la végétation résiste encore, comme cette large vue de La Seine à Issy-les-Moulineaux. Si le Pont de Billancourt qui se profile sur les hauteurs de Meudon témoigne de l’industrialisation en cours des bords de Seine, le batelier prêt à embarquer une jeune femme en robe blanche et chapeau à large ruban rose évoquent un peu le romantique des peintures de fête champêtre au XVIIIe siècle.

Un motif industriel fascine toutefois Constant Pape pour son côté essentiellement pittoresque, celui des carrières alors nombreuses en île de France. Celles d’argile à ciel ouvert pour la fabrication de briques et tuiles et celles de pierre à bâtir avec les curieuses silhouettes de treuils à manège s’élevant vers un ciel que l’artiste peint sombre et chargé d’oiseaux noirs comme pour accentuer le caractère menaçant de ce paysage industriel. Avant tout paysagiste de banlieue, Constant Pape s’est intéressé à ses débuts à la lumière des bords de mer, à l’Ile d’Yeu sur la côte vendéenne, à Honfleur en Normandie et à Saint-Vast-la-Hougue dans le Cotentin, s’amusant à saisir dans une touche épaisse de blanc des franges d’écume et la course des nuages.

Cette petite exposition qui lui est dédiée réunit des paysages de banlieue dans différents formats (pochades et grandes toiles), quelques marines et des esquisses de panneaux décoratifs réalisés par le peintre pour plusieurs mairies de la région parisienne. Outre la découverte d’un « paysagiste talentueux animé d’une certaine vision idéalisée voire nostalgique de la banlieue », souligne la commissaire Charlotte Guinois, elle est l’occasion de visiter les collections de l’unique musée français consacré à la Carte à Jouer, riche de plus de 7 000 jeux de cartes, plus de 1 000 gravures, dessins, affiches et des milliers d’objets venant du monde entier sur des thèmes les plus variés. Une autre galerie raconte l’histoire d’Issy-les-Moulineaux et du château des Princes de Conti, dont l’un des deux pavillons d’entrée a été conservé et abrite une partie du musée.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Infos pratiques

Du 14 février au 13 juillet 2024
Musée Français de la Carte à jouer
16 rue Auguste Gervais - Issy-les-Moulineaux (92)
Du mercredi au vendredi, 11h-17h
Samedi et dimanche, 14h-18h
Tarifs : 4,50€/3€
www.museecarteajouer.com


 L’exposition se prolongera au musée d’art et d’histoire de Meudon, du 14 septembre 2024 au 26 janvier 2025, avec une sélection d’œuvres différentes.


Visuels :

 Constant Pape, La Seine à Issy-les-Moulineaux,1907. Huile sur toile, 167,5 × 212 cm (et détail). Collections municipales d’Issy-les-Moulineaux. Photo L’Agora des Arts.

 Constant Pape, Fête à Clamart, 1907. Huile sur toile, 73 × 80,5 cm. Issy-les-Moulineaux, Musée Français de la Carte à Jouer, don Burgun. Photo L’Agora des Arts.

 Constant Pape, Vieille carrière, Issy-les-Moulineaux, 1905. Huile sur toile, 198 x 130 cm. Collections municipales d’Issy-les-Moulineaux. Photo L’Agora des Arts.

 Constant Pape, Paysage de bord de mer, non daté. Huile sur bois, 38 x 61 cm. Collection particulière. Photo : L’Agora des Arts.

 Constant Pape, Les Brillants, Meudon, 1913. Huile sur toile, 216 × 173 cm. Ville d’Issy-les-Moulineaux. Photo : L’Agora des Arts.