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La galerie de l'Agora des arts

Marion TIVITAL - Peintre

Marion Tivital aime dénicher la beauté là où elle n’est pas évidente, dans des bouteilles en plastique, des sites industriels, des caravanes, des mornes plaines. Elle dit même éprouver un plaisir sensuel à peindre cela. Fuyant l’anecdotique, elle cherche à transcrire les sensations qui naissent du mystère et de la mélancolie émanant de ces objets et lieux à priori plutôt ingrats, qu’elle refuse de voir réduire aux seules apparences. Sur ces lieux désertés par l’humain, mais qui conservent son empreinte, sur ces paysages et ces objets ancrés dans notre quotidien et qu’on ne regarde plus parce qu’on a décrété une fois pour toute qu’ils étaient laids, Marion Tivital porte un regard plein d’empathie.

Formée au trompe-l’œil et à la fresque, cette artiste née à Paris en 1960 et initiée très tôt au dessin par son père, nous les faire redécouvrir par sa peinture. Partant de photographies ou des objets qu’elle assemble comme des silhouettes, simplifiant au maximum les formes pour ne garder que les volumes essentiels, gommant les fonds pour centrer sur son sujet et le peindre de manière frontale, elle reconstruit la réalité, pour toucher à l’essentiel des choses. Une profondeur et une intemporalité renforcée par le traitement à l’huile sans épaisseur, par un glacis de gris mats, par une peinture veloutée et lisse où toutes traces de vieillissement, de salissures et de décrépitude ont disparues, par un blanc vibrant jeté sur ces architectures dépouillées dont les lignes pures captent superbement la lumière ; cette lueur qui sort de l’ombre et modèle tout.

Sur toile ou sur bois, sa peinture de l’intériorité et du mental, à la lumière entre chien et loup, toujours égale, fait immédiatement penser à celle du peintre italien Morandi dont Marion Tivital admire la peinture silencieuse et feutrée, la vie humble et ascétique. Mais à sa manière, sans se soucier des influences, Marion Tivital a su lever le voile de la fausse monotonie sur ces volumes géométriques presque flous à force d’être réduits à leur spectre, leur conférant poésie et beauté, mélancolie aussi par le passé et l’absence qui sourdent.

Catherine Rigollet (novembre-décembre 2013)
Portraits : Lionel Pagès ©L’Agora des Arts 2013
Visuels des œuvres : M.T