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Emil Nolde : Colour is life

Emil Nolde (1867-1956) fut un homme de contradictions, dans sa vie comme dans son œuvre. Reléguant l’Impressionnisme à un art superficiel, bon pour le XIXe siècle, mais pas pour le XXe, Nolde rejoignit Die Brücke en 1906, mais quitta dès 1907 ce groupe d’Expressionnistes allemands qui jouaient sur l’exagération des formes et des couleurs. L’outil favori de Nolde, peintre gestuel, était pourtant la couleur, dont il disait qu’elle « était la force et que cette force était la vie ». Une force tangible dans ses touches de couleurs pures longues et appuyées.

Nolde se targuait d’avoir lu un seul livre : La Bible. Elle l’inspira pour une multitude de scènes, réécriture des Écritures, empruntes de violence et d’érotisme et néanmoins chargées d’une réelle spiritualité (Paradise Lost, 1921). Jusqu’à son bannissement, Nolde partagea son temps et sa peinture entre les paysages venteux de la Mer du Nord en été (The Sea B, 1930) et le demi-monde berlinois l’hiver qu’il peignait en gros plan, visages blasés dans un environnement qu’on ne peut qu’imaginer (Party, 1911). Ayant voyagé dans les mers du Sud (Bay, 1914), il peignit les populations indigènes avec sincérité mais sans chercher à en faire une dénonciation du racisme européen.
Malgré sa pleine adhésion à l’idéologie nazie, plus de mille de ses œuvres furent confisquées et détruites (jusqu’au moment où les Nazis préférèrent les vendre) et 33, dont Life of Christ, 1911, incluses dans l’infamante exposition d’art dégénéré qui voyagea dans les villes allemandes dès 1937. Le peintre fut exilé dans le Nord avec interdiction de peindre. Sa prolificité en souffrit peu, et il créa plus de mille œuvres, “tableaux non peints” sur de petits morceaux de papier (Singer (in a green dress, 1910-11) et aquarelles, œuvres d’imagination dans lesquelles se retrouvent ses contradictions d’homme et d’artiste. Blanchi après la guerre, il fut jusqu’à sa mort l’un des artistes allemands les plus recherchés.

La rétrospective rassemble plus d’une centaine d’œuvres empruntées à la Collection Nolde de Seebüll (Allemagne) : huiles, aquarelles et gravures sur bois. Alors que ses talents de coloriste et d’expressionniste ne peuvent être mis en question, se pose pour Nolde la même question que pour d’autres indéniables talents tel que Céline : peut-on admirer l’œuvre d’un artiste dont les idées ou les actes sont, au regard de l’Histoire, inacceptables ?

Elisabeth Hopkins

Visuels : Emil Nolde, The Sea B, 1930. Oil on canvas, 73 x 100 cm. Collection : Tate, London, purchased 1966. ©Nolde Stifung Seebüll.
Emil Nolde, Self-portrait, 1917. Oil on plywood, 83.5 x 65cm © Nolde Stiftung Seebüll.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 14 juillet au 21 octobre 2018
Scottish National Gallery of Modern Art (Modern Two)
73 Belford Road, Edinburgh, EH4 3DS
Ouvert tous les jours de 10h à 17h
Entrée : £10
www.nationalgalleries.org