Passionné par la peinture et le dessin, c’est finalement la photographie qui est devenue le meilleur moyen d’expression d’Emmet Gowin, influencé par Henri Cartier-Bresson et encouragé par Robert Franck. Gowin saisit des inattendus du quotidien, des enfants jouant dehors, des adultes dans la rue ou les parcs et surtout photographie Edith, sa femme, au cœur de l’univers créatif du photographe à partir de 1965. Mais loin des photographies de famille très joyeuses d’un Jacques Henri Lartigue, celles de ce photographe américain né à Danville en Virginie, en 1941, sont nostalgiques, fortement teintées du temps qui passe. À partir de 1973, Gowin s’intéresse aux paysages et notamment aux traces laissées par l’homme et ses activités. Il voyage aux États-Unis et en Europe et pour pousser plus avant ses recherches sur le paysage, il se lance dans la photographie aérienne. En privilégiant comme toujours les formats carrés et le noir et blanc, il immortalise les paysages dévastés par les catastrophes naturelles comme l’éruption du Mont Saint-Helens dans l’État de Washington, mais également les sites dénaturés par l’action humaine comme les mines de charbon à ciel ouvert en Tchécoslovaquie, les exploitations agricoles intensives dans le Colorado ou l’Utah, ou encore les paysages lunaires des sites d’essais nucléaires de Hanford. Sur deux étages, cette exposition témoigne du parcours d’un artiste d’une belle sensibilité, particulièrement quand il explore le registre de l’intime.
Catherine Rigollet
Visuel page expo : Nancy, Danville (Virginie), 1969. ©Emmet Gowin.
Visuel vignette : Edith, Chincoteague Island (Virginie), 1967.
Courtesy Pace / MacGill Gallery, New York.