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Félix Fénéon (1861-1944). Les arts lointains

Les journalistes connaissent Fénéon pour le style bref de ses nouvelles publiées dans le quotidien Le Matin, pendant quelques mois de 1906. Du genre : « Le feu, 126, boulevard Voltaire. Un caporal fut blessé. Deux lieutenants reçurent sur la tête, l’un une poutre, l’autre un pompier. » Les critiques d’art reconnaissent en lui un pair qui créa le mot « néo-impressionnisme ». Anarchiste il fut aussi, ainsi que directeur de galerie pour les Bernheim et éditeur à la Revue Blanche.

C’est à une autre facette de ce personnage touche-à-tout et iconoclaste, Fénéon collectionneur d’objets « d’arts lointains » (ainsi les nommait-il), que le Quai Branly consacre le premier volet d’une exposition en deux temps, le second assuré par l’Orangerie qui mettra l’accent sur sa collection de toiles fauves, néo-impressionnistes et futuristes, du 16 octobre 2019 au 27 janvier 2020.

On ne sait pas exactement comment Fénéon constitua sa collection d’objets africains, mais on sait qu’il était proche de ceux qui, comme Matisse ou Picasso contribuèrent à les faire entrer dans le domaine des objets d’art au début du 20e siècle. En 1920, Fénéon lançait une enquête sur ces objets primitifs : « Seront-ils admis au Louvre ? », suscitant de certains des réponses hostiles sur les arts « sauvages » et la « sculpture sur bois hideuse des nègres » ou défendus avec virulence par les galeristes Paul Guillaume et Jos Hessel, pour leurs pouvoirs d’inspiration sur les jeunes artistes occidentaux.

À sa mort, la collection comptait plus de 500 objets, certains ayant même voyagé jusqu’à New York en 1935 pour une grande exposition d’African Negro Art au MoMA immortalisée par Walker Evans, dont une douzaine de photos sont dans l’exposition. Les artefacts africains présentés, avec quelques toiles en contrepoint (Seurat, dont le fameux portrait de Fénéon, Max Ernst ou Maximilien Luce), furent dispersés lors de la fameuse vente de sa collection en 1947 : statues anthropomorphes très visiblement féminines, masques, objets quotidiens ou rituels, principalement de la Côte d’Ivoire, du Gabon et du Congo ex-français.

À la qualité muséale des objets, s’ajoute l’intérêt du portrait en creux d’un personnage non-conventionnel, mais qui eut du flair pour ces formes d’art et de l’influence pour imposer les peintres du renouveau.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Masque-heaume janus. Luba, République démocratique du Congo, 19e siècle. Bois et pigments, 48 × 28 × 32 cm. Ancienne collection Félix Fénéon. © Musée d’Art Moderne/Roger-Viollet : Photo Eric Emo.
Félix Fénéon, Maximilien Luce, 1901. Huile sur toile, 45,5 x 39 cm © RMN - Grand Palais - Adrien Didierjean.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 28 mai au 29 septembre 2019
Musée du Quai Branly-Jacques Chirac
37, qui Branly, Paris 7e
Ouvert les mardi, mercredi et dimanche, de 11h à 19h
Nocturnes les jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21h
Fermé le lundi, sauf pendant les vacances scolaires
Entrée : 10 €
www.quaibranly.fr