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Giuseppe Penone. « Dans la forêt du temps »

Il semble que le vent dans les arbres a bercé Giuseppe Penone dans son enfance, lui insufflant l’énergie de leur sève avec laquelle il a construit son œuvre d’artiste, avec force et poésie. Né en 1947, à Garessio, un petit village du Piémont, Penone a fait de l’arbre son motif de prédilection et son matériau de réflexion sur l’homme et la nature, sur le mouvement incessant au cœur du cycle naturel. Qu’il évide un tronc pour donner à voir le cœur de l’arbre, qu’il moule un chêne et ses racines dans du bronze tel L’Arbre des Voyelles couché dans le jardin des Tuileries, qu’il enserre un arbrisseau de sa main (de bronze) comme pour stopper sa croissance ou faire corps avec lui, qu’il assemble des branches pour en faire un support, assimile les anneaux de croissance à des empreintes digitales, mette de jeunes arbres à l’intérieur de vieux troncs, estampe de l’écorce…Penone fait corps avec l’arbre.

Dès les années 1980, l’artiste qui débuta sa carrière internationale à la fin des années 1960 au sein du mouvement Arte Povera, a développé l’expérience du frottage des feuilles sur un tissu posé sur une branche pour faire apparaître les empreintes de l’écorce. On comprend bien sa démarche à la Bibliothèque nationale de France qui accueille des œuvres récentes et inédites dans une salle à la mesure de la monumentalité des installations.
À commencer par la spectaculaire Pensieri e linfa (Sève et pensée) conçue à partir de l’empreinte d’un sureau sur une toile de lin autour duquel se déploie sur 30 mètres de long un texte écrit en italien par l’artiste. Ce sont ses pensées irriguant le dessin telle une sève. Une prose poétique qui accompagne le processus créatif et qui évoque le lien entre les pensées qui se multiplient, s’entremêlent comme les racines d’un arbre, et forment du sens.

Sève et pensée est entourée d’autres œuvres monumentales comme ces douze Arbres-livre (2017) dressés tel un grand orgue. Il est constitué de fins troncs sculptés au cœur des poutres, révélant la mémoire de la matière. Impressionnants aussi Les yeux fermés (2009), un triptyque composé d’une plaque de marbre blanc dont les veines ont été dégagées et qu’entourent deux panneaux de toile portant l’empreinte démesurément agrandie de paupières fermées, réalisée avec des épines d’acacia. Sont aussi exposés Feuilles d’herbes, des tableaux constitués d’empreintes digitales et une exceptionnelle série de 18 gravures à la pointe sèche créées pendant le dernier confinement par l’artiste qui en a fait don à la Bibliothèque. Une belle célébration de la matière autour du temps, de l’empreinte et de la mémoire.

Catherine Rigollet

Visuels : Giuseppe Penone, Pensieri e linfa (Sève et pensée) 2017-2018. Toile, pigment végétal, encre. Collection particulière. Avec au fond : Alberi libro (Arbres-livre), 2017.
Giuseppe Penone, A occhi chiusi (Les Yeux fermés), 2009. Marbre blanc de Carrare, toile, épines d’acacia ; Collection particulière.
Giuseppe Penone, Verde del bosco (Vert du bois).
Photos L’Agora des Arts, 11 octobre 2021.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 octobre au 23 janvier 2022
BnF – François-Mitterrand
Tous les jours, sauf lundi et jours fériés
De 10h à 19h
Dimanche : 13h-19h
Tarifs : 9€/7€
https://www.bnf.fr