Depuis deux siècles, l’œuvre complexe et ambigu de Goya constitue pour de nombreux artistes un repère et une référence incontournables. 275 ans après la naissance de Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), la Fondation Beyeler, en coopération avec le Museo Nacional del Prado à Madrid réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Conçue de manière chronologique, l’exposition donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son œuvre sacré comme son œuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses scènes de genre. Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807), tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812.
Outre un groupe de gravures des Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Une expérience sensorielle et intellectuelle unique.
Visuels : Francisco de Goya, La Maja vêtue (La maja vestida), 1800–1807, Huile sur toile, 95 × 190 cm, Museo Nacional del Prado. Madrid ; © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid.
Francisco de Goya, Vol des sorcières (Vuelo de brujas), 1797 – 1798. Huile sur toile, 43,5 x 30,5 cm. Museo Nacional del Prado. Madrid © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid.