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Henri Cartier-Bresson (1908-2004). L’expérience du paysage

Si l’on connait les clichés des grands événements du XXe siècle : funérailles de Gandhi en Inde, derniers jours du Kuomintang en Chine, premières photographies de l’URSS… pris par celui que l’on surnomme « l’œil du siècle », son regard sur la nature, intimement lié à ses émotions face au paysage naturel ou urbain, nous est moins familier.

À la fin de sa vie, Henri Cartier-Bresson (1908-2004) a sélectionné des photos prises entre les années 1930 et les années 1990 en Europe, en Asie et en Amérique, pour leur intérêt graphique, leur beauté, leur force émotionnelle. Elles témoignent de l’approche de l’artiste face au paysage qui n’est pas pour lui un simple décor pour observer l’être humain, mais un sujet à part entière. L’artiste a aussi fait le choix de photographies, qui ne sont pas des images prises dans l’urgence, mais des images suggestives, propices à la contemplation.

Déjà présentée à différents endroits, cette sélection de quelque soixante-dix photographies n’a jamais été montrée à Paris. Agnès Sire, directrice artistique de de la Fondation HCB et commissaire de l’exposition a souhaité y ajouter des dessins de Cartier-Bresson. Initialement formé à la peinture dans l’atelier d’André Lhote, avant d’acheter son premier Leica en 1932 et de se tourner vers la photographie, Henri Cartier-Bresson est revenu au dessin et à la peinture au début des années 1970. « Il est salutaire de contempler les paysages de Giovanni Bellini, Hokusai, Poussin, Corot, Cézanne, Bonnard et tant d’autres, et d’aller soi-même dans la nature, crayon en main », confiait-il en 1999, trente ans après avoir abandonné la photographie.

Contrairement à la nature à « l’état brut », la notion de paysage est relative à l’activité d’un sujet, celui qui regarde d’un certain point de vue. Et celui de Cartier-Bresson est empreint de poésie, comme ce cycliste sur un chemin de campagne en Serbie, son violoncelle dans le dos (1965). De joie, comme cet homme contemplant bouche ouverte d’émotion l’horizon de buildings new-yorkais (1959). D’humour aussi parfois, dans sa manière de saisir un sujet, de le cadrer. Et d’une certaine intemporalité, même lorsque ce paysage dialogue avec une figure humaine.

L’exposition L’expérience du paysage d’Henri Cartier-Bresson est une source de plaisirs et d’émerveillement pour les yeux c’est aussi une leçon de construction. Regardez cette ligne de peupliers et d’ombres en Provence (1999) et cette diagonale de barques sur le Rhin (Le Rhin, Allemagne, 1956).
« Le regard du photographe est sélectif devant l’immensité offerte par la nature ou l’urbanisation traversées. L’inscription des personnages - le grand apport de Cartier-Bresson à la photographie - donne le sens comme l’échelle et participe de façon dynamique à la géométrie qui lui est chère », souligne François Hébel, directeur de la Fondation HCB.

Une exposition testament, préparée peu avant la disparition d’Henri Cartier-Bresson en 2004 et qui dévoilent une part d’intime de l’artiste à travers sa relation au monde qui l’entoure.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 1er juillet au 25 septembre 2022
Fondation HCB
79 rue des Archives – 75003 Paris
Du mardi au dimanche, de 11h à 19h
Du 12 juillet au 26 août : du mardi au vendredi 11h-13h et 14h-19h
11h-19h le WE
Tarifs : 9€ / 5€
https://www.henricartierbresson.org/


Visuels :

 Le Rhin, Allemagne, 1956 © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.

 New York, États-Unis, 1959 © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.