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Hubert Robert et la fabrique des jardins

Maitre incontesté de paysages avec ruines, Hubert Robert (1733-1808) n’est pas un inconnu à La Roche-Guyon. Cette ancienne forteresse médiévale dominant la Seine, dont il ne reste qu’un donjon surplombant un imposant corps de logis médiéval agrandi à la Renaissance et remanié en résidence raffinée au XVIIIe siècle par l’architecte Louis Villars, a bénéficié des conseils de l’artiste.

À la fois conservateur du nouveau musée du Louvre et dessinateur des jardins du roi à partir de 1784 (il a joué un rôle dans la conception des projets paysagers de Versailles, comme le Bosquet des bains d’Apollon), Hubert Robert et sa vision poétique et idéalisé des jardins est très demandé par les aristocrates pour la mise en scène de leurs propres espaces verts. À la Roche-Guyon, pour Marie-Louise de La Rochefoucauld, duchesse d’Enville, il conçoit un Jardin anglais, avec une cascade artificielle de 22 mètres de hauteur, des grottes incrustées de coquillages et intègre dans ce cheminement romantique la ruine pittoresque du donjon du XIIe (appelé la tour de Guy), à laquelle on accède par un vrai-faux portail néogrec, imaginé par un Hubert Robert amoureux des ruines antiques depuis son voyage en Italie.

Riche d’environ 70 œuvres (peintures, sanguines, gravures) issues de collections publiques et privées, dont certaines jamais exposées, l’exposition « Hubert Robert et la fabrique des jardins », présentée dans l’enfilade des salons du château de La Roche-Guyon (hélas vidé de son mobilier et de son exceptionnelle bibliothèque en1987), met en lumière, comme rarement une exposition l’avait fait, son talent de concepteur de jardins. Outre une salle dédiée à ses réalisations à La Roche Guyon avec de nombreuses sanguines et son grand tableau du château vu depuis l’autre rive de la Seine avec des peintres au premier plan, on découvre ses projets pour les jardins de Rambouillet, de Meudon et surtout pour l’immense parc de Méréville, l’une de ses plus grandes réalisations paysagères. Mais encore ses dessins et peintures pour les Bains d’Apollon, et pour des monuments (les « fabriques », ces constructions à vocation ornementale, sont très en vogue à l’époque), comme le tombeau de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville. Un parcours passionnant, enrichi de nombreux cartels explicatifs, qui aurait mérité un meilleur accrochage évitant contre-jours et reflets.

On ne manquera pas de parcourir ce surprenant château de La Roche-Guyon, aussi imposant que déroutant avec son entrée monumentale de style néoclassique plaquée sur le mur médiéval, son assemblage disparate de bâtiments, de tours, son dédale de « boves » (grandes cavités) taillées dans la falaise de craie, son escalier et ses chapelles troglodytes, ses terrasses et ses petites cours intérieures, son grand potager-verger et ses écuries. Un patrimoine dont la restauration est un perpétuel défi.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 septembre au 26 novembre 2017
Château de La Roche-Guyon (95)
Du 09/09/17 au 29/10/17 : 10h à 18h en semaine
De 10h à 19h le week-end
Du 30/10/17 au 26/11/17 : 10h à 17h tous les jours
Tarif plein : 7,80€
Tél. 01 34 79 74 42
www.chateaudelarocheguyon.fr

 

Visuels : Hubert Robert, Vue du château de La Roche-Guyon, vers 1773-1775, huile sur toile, H.195 ; L. 276 cm. Métropole Rouen Normandie, musée des Beaux-Arts.
Hubert Robert, Vue du parc de Méréville et de la grande cascade, huile sur toile, collections départementales de l’Essonne.