Vous consultez une archive !

Jozef Van Ruyssevelt. Capturer la lumière

En admirant les gravures d’une grande intensité de noir de Josef Van Ruyssevelt (1941-1985), puis ses gouaches et pastels aux couleurs éclatantes, on comprend l’émotion ressentie par Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, en découvrant, en 2006, le travail de cet artiste flamand qui ne figurait dans aucun manuel d’histoire de l’art.

Peintre et graveur, Josef Van Ruyssevelt a dessiné, gravé et peint presque exclusivement son univers familier et proche : des toits vus de la fenêtre de sa chambre lorsqu’il était étudiant à Anvers, l’intérieur de sa maison à Essen, des objets du quotidien, son jardin aux beaux jours, les bâtiments de son quartier…Si ses eaux-fortes, (paysages ou natures mortes) sont réalisées à l’aide d’un dense et fougueux réseau de fines hachures créant des clairs-obscurs puissamment contrastés et amenant une certaine mélancolie, ses gouaches et pastels, sur les mêmes sujets, surprennent par leurs tonalités chaudes, le lâcher prise dans la gestuelle et leur douceur de vivre qui évoque celle des tableaux de Bonnard, qu’il admire.

Reclus dans son propre monde, passant de l’euphorie à la dépression, du noir à la couleur, Josef Van Ruyssevelt travaille avec boulimie, fasciné par « le miracle de la lumière », attendri par des sujets évanescents dont il fait des motifs récurrents, un vase sur le rebord de la fenêtre, une cafetière sur la table, la vaisselle à l’intérieur d’un buffet, mais qu’il charge de ses émotions, de ses états d’âme, jusqu’à ce matin du 20 mars 1985 où il se jette sous un train. Il a 44 ans.
Il laisse une œuvre graphique d’une grande richesse, dont le Rijksmuseum à Amsterdam détient la presque totalité grâce à la générosité de sa femme, May Suykerbuyk, professeur d’art plastique, rencontrée durant ses études à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers. La Fondation Custodia, qui a pu acquérir une douzaine d’eaux-fortes, un carnet de d’esquisses et une série de gouaches provenant de sa succession, expose, en collaboration avec le Rijksmuseum, un important choix d’œuvres sur papier de l’artiste : des eaux-fortes, mais aussi des gouaches, des pastels et une esquisse à l’huile.

« J’espère que les gens ressentiront plus tard quelque chose en regardant mon travail », écrivait Van Ruyssevelt au début des années 1980. Oui. Il nous émerveille.

Catherine Rigollet

 Parallèlement à cette exposition présentée dans le sous-sol de l’hôtel Lévis-Mirepoix, la Fondation Custodia accueille une sélection d’une centaine de dessins de voyage d’artistes allant du XVIIe au XIXe siècle, issue de l’impressionnante collection de dessins anciens de John et Marine Fentener van Vlissingen.
Lire l’article.

Visuels : Josef Van Ruyssevelt, Ferme, 1966 (1er état). Eau-forte. Collection Piet van Thillo, Essen.
Maisons à Essen, 23 août 1976. Gouache. Rijksmuseum, Amsterdam. Don de May van Ruyssevelt-Suykerbuyk, Essen.
Nature morte dans un buffet, janvier 1980 (3e état). Eau-forte. Rijksmuseum, Amsterdam. Don de May van Ruyssevelt-Suykerbuyk, Essen. Photos Lionel Pagès pour l’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 30 janvier au 30 avril 2016
Fondation Custodia
121 rue de Lille – 75007 Paris
Tous les jours, sauf lundi
De 12h à 18h
Plein tarif 6€
Tél. +33 (0)1 47 05 75 19
www.fondationcustodia.fr

 

 L’exposition s’accompagne de la publication, en français et néerlandais, d’un catalogue raisonné de l’œuvre graphique. Ed. Fondation Custodia.