L’artiste anversois Eugeen Van Mieghem (1875-1930) a trouvé ses sujets dans le port d’Anvers, ses rues et ses bars. Le KMSKA d’Anvers met en lumière les nombreuses facettes de son talent singulier, réaliste et social.
En tant que « reporter acharné », l’artiste anversois Eugeen Van Mieghem (1875-1930) s’est attaché à représenter l’effervescence d’Anvers au début du XXe siècle. Dessinateur et peintre infatigable des anonymes, ce fils de cabaretiers du port met en lumière le travail ardu des dockers et des ouvrières du port. Il croque également des mendiants, des vagabonds et des prostituées, donnant ainsi un visage à la marginalité de cette ville portuaire. Il observe le passage de migrants juifs, souvent mal vêtus, en route pour l’Amérique. Son regard s’étend aussi aux gestes du quotidien de sa femme et de son enfant, à la bourgeoisie animant les brasseries et les salles de fête, à l’industrialisation du port moderne, ainsi qu’aux ravages causés par la Première Guerre mondiale.
Si Van Mieghem est un artiste prolifique, l’argent lui manque toutefois, alors il assemble ses carnets de croquis avec les matériaux qu’il trouve : lettres de condoléances, invitations, télégrammes du port. Parfois aussi minuscules qu’une boîte d’allumettes. Eugeen Van Mieghem découvre les œuvres de Steinlen et Toulouse-Lautrec (auxquels il fait beaucoup penser), puis celles de Toorop, Luce, Edvard Munch et des expressionnistes norvégiens. En ce début du XXe siècle, de nouveaux courants émergent. En 1901, il expose à Bruxelles pendant un mois dix de ses œuvres aux côtés de Cézanne, Cross, Sérusier, Denis, Monet, Pissarro, Renoir, Vuillard, Guillaumin, Meunier et Hodler. Il demeure toutefois ancré dans un réalisme vibrant, porté par une insatiable passion du dessin.
À la suite d’un don exceptionnel de 226 œuvres d’Eugeen Van Mieghem de la part de la fondation du même nom (dessins, peintures à l’huile, pastels, gravures et lithographies, mais également des portraits réalisés par Van Mieghem du peintre James Ensor et de l’écrivain Willem Elsschot, entre autres), le KMSKA d’Anvers met en lumière les nombreuses facettes de l’œuvre de cet artiste anversois au talent singulier, réaliste et social. En s’appuyant sur des prêts issus de collections publiques et privées, le conservateur Eric Rinckhout souligne « l’impact des pastels et des dessins saisissants de Van Mieghem ».
