Considérée comme l’une des peintres majeures du Portugal, Paula Rego (1935-2022) qui a exposé dans le monde entier est injustement méconnue en France. Née le 26 janvier 1935 à Lisbonne, elle quitte le Portugal et la dictature de Salazar en 1951 pour faire ses études à Londres où elle s’installe définitivement, tout en séjournant fréquemment au Portugal.
Elle fut l’unique artiste femme de l’École de Londres, aux côtés notamment de Francis Bacon, Lucian Freud, Frank Auerbach ou Leon Kossoff.
Remarquable dessinatrice, elle disait : « dessiner c’est comme respirer ». Sujette à de fréquentes crises de dépression, c’est par le dessin qu’elle les combattait.
Son œuvre figurative et expressionniste, nourrie d’expériences personnelles et de l’histoire de l’art (notamment Goya, Ensor et Hogarth), est narrative, truculente et incisive, toujours très colorée. L’artiste s’inspire de contes et évoque aussi la condition féminine dans des scènes dérangeantes qui témoignent de ses fantasmes et de ses révoltes.
Une œuvre singulière et puissante qui affronte les problèmes cruciaux de la société contemporaine.
La ville de Cascais, station balnéaire chic au nord de Lisbonne, a souhaité lui dédier un musée et Paula Rego a fait part de son désir d’un espace « amusant, simple, vivant, avec plein de joies et beaucoup de malices », surtout parce qu’il serait construit à un « endroit magique et très spécial ». Inauguré en septembre 2009, la « Casa das Historias » abrite une collection de plusieurs centaines de dessins, gravures et peintures de Paula Rego, ainsi que des peintures de son époux Victor Willing, artiste et critique d’art, décédé en 1988. L’édifice de béton brut couleur terracotta imaginé par l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura est surmonté de deux pyramides tronquées faisant référence aux cheminées jumelles du Palais de Sintra situé à quelques kilomètres.
Catherine Rigollet