Le Jardin colonial du bois de Vincennes

Le plus romantique, exotique et méconnu des jardins parisiens. Un lieu de patrimoine à découvrir aux beaux jours.

Dépaysement, fraicheur et surprenantes découvertes garantis dans ce jardin de l’Est parisien, peu connu, et qui semble figé depuis l’Exposition coloniale de 1907. Loin des bruits de la ville, parmi une végétation luxuriante et sauvageonne où les bambous sont rois, les oiseaux au paradis et les grenouilles maîtresses de toutes les mares, on découvre une grande porte chinoise en bois sculpté, des fragments de sculptures « A la gloire de l’expansion coloniale », un petit pont Khmer, un pagodon chinois, une monumentale et somptueuse urne funéraire en bronze, une dizaine de pavillons abandonnés et souvent en ruine (Tunisie, Guyane, Réunion, Maroc, Congo …), sauf celui d’Indochine récemment restauré et qui accueille des expositions temporaires. Certains ont totalement disparu, tel celui de Madagascar, le premier bâtiment qui accueillait les visiteurs dans l’exposition coloniale. Dédié aux végétaux, animaux et objets de l’artisanat de la « Grande-Ile », il a été démoli pour cause de vétusté ; seule une plaque avec photos l’évoque. D’autres vestiges subsistent encore de cette époque comme ces serres qui abritèrent caféiers et cacaoyers et voisinent aujourd’hui avec un potager. Certaines de ces architectures furent transposées dans ce jardin après avoir été construites pour l’Exposition universelle du Trocadéro en 1900, ainsi le Pavillon de la Réunion qui servait de bar à dégustation pour les produits locaux, notamment le rhum.

Créé en 1860, sur une parcelle d’une quinzaine d’hectares à l’extrémité Est du bois de Vincennes, en lisière de la commune de Nogent-sur-Marne, le jardin est d’abord utilisé par le Museum d’histoire de Paris qui y installe une annexe. En 1899, il cède trois hectares au ministère des colonies pour l’implantation d’un jardin colonial qui accueille en 1907 les cinq villages de l’exposition coloniale : villages indochinois, malgache, congolais, ferme soudanaise et campement touareg. Ses bâtiments servent d’hôpital pendant la guerre de 14-18 et une mosquée est construite pour les blessés de confession musulmane (une stèle marque son emplacement). Plusieurs monuments seront édifiés après guerre pour commémorer les Cambodgiens, Laotiens, Malgaches et soldats d’Afrique noire morts pour la France. Le site connaît un regain d’activité après 1945 en accueillant le Centre technique forestier tropical puis en 1960, l’Institut de recherches agronomiques tropicales. Devenu, depuis 2003, propriété de la Ville de Paris, ce jardin de cinq hectares qui a pris le nom d’agronomie tropicale René-Dumont, en hommage à l’agronome français (au célèbre col roulé rouge) est ouvert au public depuis 2006 et abrite le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD). Des petites allées piétonnes ont été aménagées et un périmètre de sécurité dressé autour des vieux bâtiments. On peut évidemment regretter le manque cruel d’entretien et de restauration de ce patrimoine exceptionnel, mais son charme est aussi dans cet état de semi abandon qui fait que chaque visiteur a l’impression d’être le premier à entrer sur ce site de patrimoine oublié.

Texte : Catherine Rigollet (juillet 2015)
Reportage photos : Lionel Pagès

Porte chinoise

Porte chinoise

Porte chinoise

détail Porte chinoise

détail Porte chinoise

détail Porte chinoise

détail Porte chinoise

Fragment monument « A la gloire de l’expansion coloniale »

Fragment monument « A la gloire de l'expansion coloniale »

Fragment monument « A la gloire de l’expansion coloniale »

Fragment monument « A la gloire de l'expansion coloniale »

Pavillon de Tunisie

Pavillon de Tunisie

Pont tonkinois

Pont tonkinois

Détail du Pont tonkinois

Détail du Pont tonkinois

Pagode indochinoise

Pagode indochinoise

Pagode indochinoise

Pagode indochinoise

Urne funéraire

Urne funéraire

Pavillon d’Indochine

Pavillon d'Indochine

Fragment monument « A la gloire de l’expansion coloniale »

Fragment monument « A la gloire de l'expansion coloniale »

Pavillon de la Réunion

Pavillon de la Réunion
Infos pratiques

Jardin d’agronomie tropicale René-Dumont
45 bis avenue de la Belle-Gabrielle – 75012 Paris
Bois de Vincennes
Espace vert accessible aux personnes à mobilité réduite, mais certaines zones restent difficiles d’accès.
Ouvert toute l’année
(de 9h30 à 20h d’avril à septembre)
Gratuit
https://www.paris.fr/equipements/jardin-d-agronomie-tropicale-rene-dumont-1813