Le Crédit municipal de Paris inaugure son musée avec une exposition qui retrace l’histoire de cet ex-Mont-de Piété, fréquenté par les parisiens depuis cinq siècles.
Créé en 1637 à l’initiative de Théophraste Renaudot, héritier des institutions italiennes fondées au XVè siècle pour lutter contre l’usure pratiquée par les banquiers lombards, le Mont-de-piété fait office de caisse de secours et de banque de prêt pour les parisiens. Fermé en mars 1644 car jugé comme un mont d’impiété, il sera rouvert par Louis XVI pour lutter contre les usuriers qui prêtent jusqu’à 120% par an. Il connu encore d’autre péripéties durant la Révolution et l’Empire, avant de devenir Crédit Municipal de Paris en 1918. Face a son succès, il ouvrira même plusieurs succursales dans la capitale. Aujourd’hui encore, ma Tante accueille 650 clients par jour (chiffre août 2011), et l’activité du prêt sur gage est en constante augmentation. Toutefois, 9 objets sur 10 déposés contre liquidité sont finalement repris par leurs propriétaires, le reste étant vendu aux enchères est-il indiqué dans le petit film qui ouvre l’exposition. Les Parisiens au Mont-de-piété brosse un panorama chronologique et très illustré de l’histoire parfois mouvementée de cette institution, connue aussi sous le pseudonyme de « ma tante », depuis que le propre fils de Louis-Philippe, le prince de Joinville François-Ferdinand d’Orléans, honteux d’avoir déposé sa montre pour honorer une dette de jeu, prétendit à sa mère l’avoir oubliée chez « ma tante ». Au travers de nombreux documents, de caricatures (Honoré Daumier, Gavarni), de photographies anciennes, de sculptures (buste de Napoléon III de Jean-Baptiste Carpeaux), de coupures de journaux (l’Assiette au beurre, l’Eclipse…), d’objets déposés, l’exposition raconte l’histoire de ce lieu qui a inspiré de nombreux artistes. On y apprend que toutes les classes sociales ont eu recours au prêt sur gage, du Paris populaire à Victor Hugo, Edgar Degas, Monet, le photographe Nadar, Joséphine de Beauharnais la comtesse de Castiglione et les Grimaldi…Au fil du temps, l’institution s’est adaptée aux besoins de sa clientèle en agrandissant ses locaux et en acceptant une multitude d’objets du quotidien ou de valeur : draps, vêtements, parapluies, montres, bijoux, bibelots et des milliers de matelas, le dernier et unique bien que les huissiers chargés des saisies laissaient dans les logements.
C.R