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Mannequin d’artiste, mannequin fétiche

Le musée Bourdelle présente une très inédite et originale exposition sur l’histoire du mannequin, objet utilitaire pour les artistes depuis la Renaissance, mais aussi objet de fantasmes. Dès le XVe siècle, sa présence dans les ateliers de sculpteurs et de peintres devint indispensable, au même titre que le burin, la sellette, le pinceau, la palette et le chevalet. Michel-Ange, Titien, Poussin, Gainsborough, Degas, Courbet, les préraphaélites, Cézanne…les plus grands maîtres usèrent de cet accessoire en bois ou en cire, de petite taille ou grandeur nature, pour progresser dans l’art de la composition, dans le rendu des drapés et des proportions anatomiques. Des mannequins qui se perfectionnent, s’articulent, imitent bientôt l’apparence des muscles, de la chair, des traits du visage.
Mais dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, des critiques s’élèvent contre les figures qui ne sont pas étudiées sur la nature et qui sentent le mannequin ! Pour autant, un artiste comme Courbet, apôtre du réalisme et peintre de la vie moderne, possède deux mannequins. C’est un bon ami dont il est parfois difficile de se passer. À tel point qu’au XIXe siècle, il devient parfois le sujet même de la peinture ; un motif hautement expressif, entre réalité et imaginaire. En 1924, dès l’origine du mouvement surréaliste, les figures de mannequins se voient investis d’un pouvoir subversif. Troublant, ludique, objet d’érotisme, de fétichisme, il va inspirer des peintres et photographes tels Bellmer, Annigoni, de Chirico ou Man Ray.
L’exposition évoque aussi le mannequin de mode, rappelant qu’à mesure que les grands magasins étendaient leur empire dans la seconde moitié du XIXe siècle, le rôle du mannequin devenait stratégique dans le spectacle de la vitrine. Près de 160 mannequins sont exposés dans cette exposition chronologique, coproduite avec le Fitzwilliam Museum de Cambridge où elle a été présentée en 2014.

Catherine Rigollet

 Profiter de votre visite pour (re)découvrir les collections permanentes du musée Bourdelle qui vient de rouvrir après plusieurs mois de travaux, (émouvant et admirable Centaure mourant !), le jardin de sculptures monumentales à l’arrière du bâtiment principal et surtout les deux ateliers de Bourdelle (sculpture et peinture), qui ont conservé leur intimité et leur charme.

Visuels : Anonyme, Italie, fin du XVIIIe-début XIXe siècle. Mannequin néoclassique, vers 1810. Bois et articulations en métal, visage et corps peints à l’huile. Accademia Carrara, Bergame.
Giorgio de Chirico (1888-1978), Offrande à Jupiter, 1973. Huile sur toile, MAM Paris.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 1er avril au 12 juillet 2015
Musée Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle – 75015 Paris
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Plein tarif : 9€
Tél. 01 49 54 73 73
www.bourdelle.paris.fr