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Marquise Arconati Visconti

Femme libre et mécène d’exception

Quel destin romanesque, digne d’un conte de fées, que celui de la Marquise Arconati-Visconti (1840-1923), fille d’Alphonse Peyrat, un journaliste français, député républicain puis sénateur de la Troisième République, devenue riche salonnière et mécène.

Cultivée et passionnée de littérature, Marie Peyrat épouse en 1873 le riche aristocrate italien Gianmartino Arconati-Visconti (1839-1876) rencontré à l’École des Chartes qu’elle fréquente en auditrice libre. Mais à peine trois ans plus tard, son mari est emporté par une fièvre typhoïde, la laissant seule héritière de tous ses biens. Une fortune colossale. Revenue à Paris, installée dans l’hôtel particulier de la rue Barbet-de-Jouy que possédait son mari, la Marquise Arconati-Visconti y tient salon. Ayant été élevée par son père, ami de Victor Hugo et de Gambetta, dans le culte des principes républicains et de l’anticléricalisme, elle reçoit des hommes politiques et des intellectuels tels Gambetta, Combes, Jaurès, Monod, Lefranc, Bédier ; des habitués de ses fameux « déjeuners du jeudi » auxquels participera Alfred Dreyfus, avec lequel elle a entretenu une importante correspondance durant sa détention à l’Ile du Diable, comme en témoigne les « Lettres à la Marquise, Correspondance inédite avec Marie Arconati-Visconti » d’Alfred Dreyfus (Ed. Grasset).

Tout en employant sa fortune à doter des établissements d’enseignement supérieur (École des Chartes, École pratique des hautes études, Collège de France), et surtout l’université de Paris dont elle a fait sa légataire universelle, elle prend conseil auprès de conservateurs de musée et d’amateurs d’art pour acquérir des objets décoratifs européens (du Moyen-Age au XIXe siècle) mais aussi asiatiques et islamiques. Des peintures, sculptures, mobilier, objets d’art (comme ce curieux déjeuner solitaire en porcelaines de Meissen), mais aussi céramiques et bijoux (dont des Lalique) que cette mécène, volontiers excentrique (elle aime s’habiller en page Renaissance comme en témoignent des photographies conservées à la BnF) va généreusement léguer aux musées français et en particulier au Musée des Arts Décoratifs. Ce dernier en expose actuellement une centaine, provenant de dons successifs, accompagnés de documents d’archives, notamment issus de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne qui abrite dans ses collections la correspondance (autour de 6 000 lettres) de cette belle indépendante à l’esprit libre et généreux.

C.R

Marquise Marie Arconati Visconti, 1870, Collection Château de Gaasbeek © MAD, Paris / Jean Tholance.
René Lalique, Bague feuilles. Paris, vers 1900 © MAD Paris /Jean Tholance.
Déjeuner solitaire, Manufacture de Meissen, 1780/1790 © MAD Paris /Jean Tholance.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 décembre 2019 au 15 mars 2020
Musée des arts décoratifs
107, rue de Rivoli 75001 Paris
Du mardi au dimanche, 11h-18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 11€
www.madparis.fr