En cet été de distribution de médailles olympiques, l’exposition Miró à Hyères, organisée en partenariat avec la Fondation Maeght qui célèbre ses 60 ans, en mérite une en or par la qualité de sa scénographie qui révèle la créativité, la fantaisie et l’onirisme du peintre catalan.
Soixante-quatorze peintures, dessins, sculptures, lithos créés entre 1956 et 1977 par Miró (1893-1983), prêtés par la Fondation Maeght sont exposées sur une surface de 450 mètres carrés, à la Banque à Hyères, un nouveau lieu artistique créé en 2021. C’est une explosion de couleur, de tendresse et de poésie. L’accrochage savamment organisé entraine le spectateur dans un labyrinthe à l’image de celui que Miró crée pour les Maeght dans les jardins de la fondation à Saint-Paul-de-Vence. Un parcours à la fois thématique et chronologique qui décrypte l’évolution picturale de l’artiste. Ciblée sur les vingt dernières années du travail du catalan, celle de sa vie à Majorque, l’exposition montre l’apogée de son art.
En 1957, bouleversé par la visite de la grotte d’Altamira, il s’inspire de la spontanéité des figures pariétales. Deux ans plus tard, un voyage aux États-Unis le met face à la nouvelle peinture américaine qui l’entraine vers de grands formats comme ceux exposés à son musée de Barcelone. Enfin en 66, il découvre le Japon et ne lâchera plus sa nouvelle passion pour la calligraphie.
L’entrée ouvre sur les toiles et de grandes sculptures. Une découverte choc. Femme et oiseau de 1964, un thème récurrent chez Miró, unit deux symboles, la femme source de vie, l’oiseau représentant de la liberté et de l’élévation. Soit l’union du terrestre et du spirituel. Vol d’oiseau à la première étincelle de l’aube (1964), signe un moment suspendu dans la lumière légère du début de la journée, tache bleue pour le ciel, tache verte pour le végétal, tache jaune pour le soleil. Poésie toujours comme dit Éluard, « Premier matin, dernier matin, le monde commence ». Miró reproduit sans se répéter un langage minimaliste : lignes noires épaisses, taches de couleur primaires aux fortes tensions. « Il est important pour moi d’arriver à un maximum d’intensité avec un minimum de moyens », martèle Miró. En témoigne Personnage dans un paysage, un grand tableau de plus d’un mètre sur deux, envahi par un lavis d’encre. Puis vient l’heure de la poésie pure. Ami avec Raymond Queneau depuis 1920, Miró crée « l’Album 19 » en 1958 illustré de lithographies. Miró introduit la couleur dans la sculpture en 1967, sans doute sous l’influence de Calder. À côté, les sculptures en bronze semblent modelées dans de la glaise.
Cette formidable exposition est mise en valeur par des cartels explicatifs racontant le langage pictural de Miró, ses signes, ses symboles et ses poèmes visuels car affirme l’artiste, « je ne fais pas de distinction entre la poésie et ma peinture. »
Françoise Chauvin
Deux autres expositions célèbrent Miro cet été dans le Midi de la France
– À Antibes : le musée Picasso à Antibes présente « Joan Miró : chefs-d’œuvre de la collection Nahmad ». Une exposition pensée comme un voyage insolite autour de douze œuvres magistrales de Miró. Les salles accueillent une seule œuvre, parfois deux. À rebours de l’exposition traditionnelle qui réunit et associe, il est là non plus question d’accumulation, mais de concentration et de réception de l’objet dans sa singularité pour la contemplation et l’interprétation. Jusqu’au 27 octobre 2024. https://www.antibes-juanlespins.com/information/agenda/expos...
– À Nice : Organisée par La Fundació Joan Miró, à Barcelone et le musée Matisse de Nice, l’expo « MiróMatisse. Au-delà des images » se penche, à partir d’une base biographique, sur les rapports entre les œuvres des deux artistes. Jusqu’au 29 septembre 2024. www.musee-matisse-nice.org