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Pierre Gatier (1878-1944). De l’élégance parisienne aux rives de l’Oise

Peintre, aquarelliste, graveur, Pierre Gatier (1878-1944) a immortalisé la Belle Époque et les élégantes parisiennes. Peintre officiel de la Marine, il a aussi réalisé de nombreuses aquatintes en couleurs sur le thème de la mer et des bateaux. Près de 130 œuvres sont réunies dans une exposition qui met l’accent sur son œuvre gravé.

Pierre Gatier naît à Toulon le 12 janvier 1878. Son père et son grand-père étant tous deux officiers de marine, il passe son enfance dans les ports militaires. Après avoir été élève aux Beaux-Arts de Toulon, Gatier s’installe en 1896 dans un atelier à Paris, dans le quartier de Montmartre et s’inscrit à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Il apprend aussi le tirage des estampes avec le peintre-graveur Eugène Delâtre (1864-1938) qui deviendra son imprimeur. À Paris, c’est la vie sociale des lieux en vogue qui l’attire. Il croque sur un ton léger et ironique les élégantes en promenade près des grands magasins et sur les Champs-Élysées, assistant aux courses hippiques à Chantilly ou fréquentant les lieux de la mondanité nocturne. Dans cette riche vie parisienne de la Belle Époque, l’artiste dandy qui détaille toujours avec minutie les belles toilettes est repéré par le couturier et collectionneur Jacques Doucet qui, certainement séduit par l’intérêt pour la mode de Gatier, lui achète des estampes, dessins et aquarelles et devient son mécène.

Si Pierre Gatier peint à l’aquarelle et à l’huile, la gravure sera son principal medium durant toute sa carrière. Il rédige même des traités, entreprend de nombreuses recherches sur la couleur en gravure, s’essaie à toutes les techniques : l’aquatinte, l’eau-forte, la taille-douce au burin ou à la pointe sèche et la linogravure, cette nouvelle technique sur linoleum, pratique et économique, surtout en temps de guerre, mais dont le trait est plus dur, plus épais, et traité en noir et blanc. Il va créer des centaines de gravures sur les thèmes de la Belle Époque, du paysage de campagne inspirés par ses voyages et ses lieux de résidence, mais aussi de la guerre et de la mer. Nommé peintre officiel de la Marine en 1907, il effectue plusieurs croisières sur des vaisseaux de guerre, réalise de nombreuses aquarelles et gouaches de Toulon et sa rade, ou encore de Boulogne dont il met en lumière les ciels mouillés.

Le parcours de l’exposition suit trois périodes, illustrant aussi trois techniques dominantes et différents centres d’intérêts iconographiques. De 1900 à 1914, les eaux-fortes et aquatintes en couleurs qui ont pour thème principal la vie élégante parisienne. De 1915 à 1918, les linoléums qui traduisent la dureté des temps et marquent une rupture stylistique avec les œuvres précédentes. Et enfin, de 1922 à 1931, les pointes sèches et burins gravés uniquement au trait et en noir dans un style plus graphique, où l’on retrouve pour un temps les sujets de la vie parisienne, mais aussi les paysages des environs de L’Isle-Adam et de Parmain dans le Val d’Oise où Pierre Gatier réside de 1920 à 1929. Des gravures de facture très classiques, réalisées dans une économie de traits qui contraste avec le souci des détails exprimé dans ses gravures de la vie parisienne. Il y saisit un remorqueur sur l’Oise, une scène de mariage à Ronquerolles, des golfeurs en pause à Parmain.
Il partage des séances de peinture en plein air avec Maurice de Vlaminck rencontré lors de son séjour dans le Val d’Oise.

Au début des années 1930, Gatier réintègre la Marine et effectue des recherches sur le camouflage, notamment dans le Midi, puis il se rend en Savoie où il continue de peindre à l’huile et à l’aquarelle, délaissant la gravure, avant de s’installer en 1943 dans l’Yonne. Décédé à 1944 à Joigny, c’est toutefois au cimetière de L’Isle-Adam qu’il est inhumé. Au total, environ 130 œuvres sont réunies, provenant de la collection du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, de la collection Jacques Doucet conservé à l’INHA, ainsi que des pièces en possession de la famille de l’artiste. Une promenade pleine de charmes.

C.R

Visuels : Pierre Gatier, Printemps. Mode, 1907. Eau-forte et aquatinte en couleurs. H. 31.4 × L. 19.9 cm. Paris, Bibliothèque de l’INHA, Collections Jacques Doucet. ©INHA : Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet.
La Promenade, des Champs-Élysées, 1910. Eau-forte et aquatinte en couleurs. Épreuve d’état avec dessin en remarque. H. 37.9 × L. 52.9 cm. Paris, Bibliothèque de l’INHA. Collections Jacques Doucet. © INHA : Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet.
Revue navale du 4 septembre 1911, passée par le Président de la République à Toulon, 1911. Eau-forte et aquatinte en couleurs. H. 36.7 × 52.2 cm. Paris, Bibliothèque de l’INHA, Collections Jacques Doucet. ©INHA : Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet.
La Garenne (au-dessus de Parmain, Val-d’Oise), 1928. Burin. État définitif. Épreuve 6/25. H. 14 × L. 21.3 cm. L’Isle-Adam, musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq © Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq / Jean-Michel Rousvoal.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Jusqu’au 3 octobre 2021
Musée Louis-Senlecq
31 Grande Rue - 95290 L’Isle-Adam
Du mercredi au dimanche, 14h-18h
Tarif plein : 4,50€
Tél. 01 74 56 11 23
www.musee.ville-isle-adam.fr


Visite virtuelle de l’exposition :
https://www.lookin3d.fr/visite-virtuelle/musee-dart-et-dhist...