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Ron Mueck

L’infini souci du détail

Chez Ron Mueck, rien n’est sculpté à taille réelle, Lilliputien ou Gulliver, c’est selon son inspiration, mais surtout fait pour éviter que son œuvre s’apparente à un portrait. Côté réalisme toutefois, difficile de le concurrencer. Ainsi cette tête gigantesque posée sur un billot, comme décapitée. L’homme à pourtant l’air de dormir sereinement, paupières closes, bouche entrouverte. En s’approchant, on distingue les pores de la peau, on pourrait toucher les poils de sa barbe de 24 heures, caresser ses cheveux. Un peu plus loin un couple de séniors se repose sous un parasol. Ils sont en maillot de bain, l’homme sert le bras de sa femme tendrement, on voit leurs rides et les veines bleues qui courent sous leur peau. Le travail sur la peau est finalisé dans ses moindres détails, dans une quasi obsession de la vie. Aussi troublantes qu’émouvantes, ces œuvres se situent entre l’hyperréalisme et l’humanisme et nous renvoient à notre propre corps. Elles sont nourries de sources diverses – images de presse, bandes dessinées, histoire de l’art, fables et légendes anciennes. Ainsi, Woman with Sticks (2009), une petite femme nue, toute en graisse, ployant sous une brassée de branchages et qu’on imagine aller allumer le feu sous son chaudron magique.
Ron Mueck commence toujours par griffonner sur une feuille des silhouettes, puis il sculpte des maquettes en cire ou argile de quelques centimètres de haut, il affine les poses, les caractéristiques, les accessoires et passe à la réalisation. Les grandes œuvres seront soutenues par une armature, les autres directement réalisées à l’argile ou à la cire, puis moulées pour créer l’œuvre finale qui sera recouverte de silicone pour constituer la peau. Un travail d’une extrême minutie, de plusieurs semaines, voire des mois, pour finaliser le personnage, poser poils, cheveux, vêtements. Même les chaussures sont sculptées de manière à reproduire le cuir patiné.
Après le succès de 2005 à la Fondation Cartier, cette nouvelle exposition personnelle est la plus complète et la plus actuelle de la production de cet artiste né en Australie en 1958, qui vit et travaille à Londres. Elle dévoile notamment des œuvres récentes dont Still Life (2009), une composition particulièrement originale dans la production de Ron Mueck qui représente rarement des figures non humaines. Cette sculpture, tout droit sortie d’une cuisine et qui se situe dans la tradition de la nature morte, ne manque pas d’humour dans son titre.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Mask II, 2002. © Ron Mueck. Matériaux divers. Anthony d’Offay, Londres. Photo courtesy Anthony d’Offay, Londres.
Visuel vignette : Woman with sticks, 2009 (détail). © Ron Mueck. Matériaux divers. Courtesy Hauser & Wirth. Photo courtesy Hauser & Wirth, Londres.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 avril au 27 octobre 2013 (prolongation)
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, boulevard Raspail - 75014 Paris
Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h
Nocturne le mardi jusqu’à 22h
Tarif plein : 9,50 €
Tel. +33 (0)1 42 18 56 50
www.fondation.cartier.com