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Renaissance en noir et blanc
Du noir surgit toujours la lumière. Dans la peinture comme dans la vie. Du plus loin qu’elle se souvienne, Sandrine Gatignol dessine, aime le noir et blanc, pour la puissance de son contraste, pour son intemporalité aussi qui laisse place à la contemplation. C’est l’une des raisons pour laquelle elle a choisi d’expérimenter le monotype avant de tomber carrément sous son charme, comme nombre d’artistes avant elle, notamment à l’époque de l’impressionnisme. Pissarro, Forain, Whistler, Lautrec, Gauguin s’y essayèrent mais c’est Degas qui fut le maître du procédé, utilisé dès le XVIIe siècle par des artistes comme Giovanni Benedetto Castiglione, qui en serait l’inventeur aux alentours de 1648.
Sandrine Gatignol affectionne le monotype pour les matières involontaires qu’il révèle et le nouveau regard que l’impression permet. Pour l’empreinte du mouvement dans la matière. « Chacun est libre de transposer son propre regard, son propre parcours, d’accepter de se perdre, d’accueillir ses zones d’ombres pour faire jaillir sa lumière. » Un parcours artistique qui se double d’un parcours introspectif à la recherche de sa lumière intérieure.
En artiste autodidacte, « dans ma famille on ne faisait pas les beaux-arts, cela ne débouchait pas sur un vrai métier », elle s’est formée au fil des rencontres et en fréquentant l’atelier d’autres artistes. Mais surtout, elle ne cesse d’expérimenter, d’améliorer au cœur de son atelier son procédé d’impression. De l’encre épaisse d’imprimerie récupérée, des vitres, des chiffons, des bâtons et du papier ordinaire pour dessiner, adoucir, nuancer, éclairer…Au départ elle pratiquait l’impression à la main. Ayant récupéré une presse, elle a troqué le verre pour le rhodoïd souple, qu’elle peut aussi nettoyer et réutiliser. Pour autant, la technique reste la même, encrer au pinceau -et non pas au rouleau comme il est de coutume- pour donner déjà des effets de matière, puis laisser filer son imagination et ses envies, en laissant les choses apparaître, sans savoir exactement où cela va la mener. Chaque œuvre est unique, le monotype, contrairement à la gravure, ne permettant d’obtenir qu’un passage, deux au maximum.
À la source de son inspiration : la nature, principalement le bois symbole de renaissance dans la symbolique taoïste. Comme une pensée magique, l’artiste a vu un jour surgir de ses paysages de forêts des formes blanches et subtiles, irriguées de nervures noires. Vivantes. Des corps de femmes, source de fécondité et d’humanité, évoquant les croyances chamaniques pour lesquelles les arbres sont « le peuple debout », gardien de la planète. Une série de « femmes-forêt » que Sandrine Gatignol ambitionne de poursuivre, en continuant à privilégier le noir et blanc, réservant la couleur à ses peintures à l’acrylique sur papier et toile. Comme ses somptueuses et mystérieuses « Montagnes célestes » plongées dans le bleu brumeux et velouté des brumes du Huang Shan. À 45 ans, Sandrine Gatignol jette l’encre avec toujours plus d’envie pour tracer son chemin, gravissant sans crainte ses montagnes intérieures, désormais en confiance.
Catherine Rigollet, mars 2021
Photos des œuvres : S.G
Portraits et photos dans l’atelier : IAGG
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Atelier à Saint Leu la Forêt - 95
Tél. 06 69 06 49 67
sandrinegatignol free.fr
https://sandrinegatignol.com
 Sandrine Gatignol accueille aussi dans son atelier de Saint-Leu-la-Forêt (95) pour des sessions d’art plastique. Enfants, ados, adultes.
Visuels : Sandrine Gatignol dans son atelier ©C.R
Sandrine Gatignol au travail ©C.R
Chemin égaré, monotype, encre sur papier, 21x14cm, 2018
Lisière, monotype, 34x26cm, 2019
Rivière, monotype, 30x20cm, 2019
La femme et l’oiseau, monotype, 36x26cm, 2019
Humanité, monotype, 63x33cm, 2019
Cropped montagne-1, acrylique sur papier, 20x29cm, 2008
Atelier, Nu allongé, monotype, 34x35cm, 2017
Danse, monotype, 30x20cm, 2017
Daphnée, monotype, 39x29cm, 2018
Enracinée, monotype, 21 x 14 cm, 2014
Sandrine Gatignol, 2021 ©IAAG.
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