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Sisley l’Impressionniste à Aix-en-Provence

Ils sont peu nombreux et toujours discrets, les personnages, sur la soixantaine de toiles d’Alfred Sisley (1839-1899) qui composent l’exposition monographique aixoise. Car Sisley est resté fidèle jusqu’au bout aux inspirations paysagères des peintres de l’école de Barbizon, de Corot, voire de Constable (Sisley était anglais comme ses parents), mais en les enrichissant de nuances apportées par les changements de lumière, les atmosphères saisonnières, les variations météorologiques. Il peindra toujours sur le motif, quelque soit le temps, contrairement aux autres impressionnistes qui reviendront au travail à l’atelier.

L’exposition est chronologique, traversant les lieux où il vécut ou qui lui furent chers. D’avant 1870, il ne reste que peu d’œuvres, son atelier ayant été détruit par l’avancée prussienne. Les bords de rivière, les petites villes vues dans le lointain, les lisières de bois qu’il peint inlassablement semblent moins touchés par la modernité que par les impressions changeantes qu’y font naitre le soleil, la neige ou le vent. Après avoir étudié dans l’atelier de Charles Gleyre où il côtoie Monet et Renoir, Sisley expose au Salon de 1866. Dans les années 70, il explore les bords de la Seine, créant des paysages où ciel aux nuages “baladeurs” et eau se partagent la toile, en symbiose même lors des inondations, même si la touche de pinceau, courte et colorée pour l’eau, avivée par les reflets, se différencie de celle plus longue et fondue du ciel silencieux (Inondation à Port-Marly, 1876).La critique se fait louangeuse pour Sisley à la deuxième exposition impressionniste cette année là, mais le succès est limité malgré les efforts de son galeriste, Durand-Ruel, qui envoie même ses tableaux à l’étranger.

Sisley connait l’Angleterre où ses parents voulurent, sans succès, faire de lui un commercial, et il y reviendra à plusieurs reprises, séduit par la Tamise qu’il remonte jusqu’à Hampton Court dont il peint le pont d’un point de vue totalement inédit (Sous le pont de Hampton Court, 1874). Au fil des années, la palette de Sisley s’enrichit de couleurs différentes, de violets en particulier. L’atmosphère devient plus lumineuse. À Moret-sur-Loing où il vivra ses dernières années, Sisley peint l’église Notre-Dame, qu’il étudie dans quatorze toiles (4 sont sur les cimaises) peintes à toutes les heures et sous des climats divers, dans des formats plus restreints, plus vendables peut-être, comme le lui a demandé Durand-Ruel.

Poète visuel des ciels, Sisley l’est certainement, mais comme le disait l’impitoyable Octave Mirbeau en 1892 dans le Figaro : il nous intéresse toujours, mais ne nous passionne pas vraiment. Ce n’est pas une raison suffisante pour éviter cette exposition rafraîchissante et fort bien documentée.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Alfred Sisley (1839-1899), Bougival, 1876, huile sur toile, 62,2 x 73,7 cm, Cincinnati Art Museum, © Cincinnati Art Museum, John J. Emery Fund.
Alfred Sisley (1839-1899), Église à Moret, 1893, huile sur toile, 55 x 46 cm, Musée Calvet d’Avignon, Don de Joseph Rignault, 1997, Fondation Calvet © Fondation Calvet.

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 10 juin au 15 octobre 2017
Hôtel de Caumont-Centre d’Art
3, rue Joseph Cabassol
13100 Aix-en-Provence
Ouvert tous les jours
De mai à septembre : 10h - 19h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30
D’octobre à avril : 10h - 18h
Plein tarif : 14€
www.caumont-centredart.com