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Vermeer et les maitres de la peinture de genre

Une exposition-événement ! Avec 12 tableaux de Vermeer, soit un tiers de l’œuvre connu du maître de Delft.

Vermeer, un nom qui évoque des scènes silencieuses dont la magie opère toujours. En réunissant douze tableaux du maître de Delft, soit un tiers de l’œuvre connu de cet artiste hollandais sorti de l’oubli au XIXe siècle par l’historien de l’art français Théophile Thoré-Bürger qui le surnomma « le sphinx de Delft », cette exposition est un événement qui fera courir le public.

Si certaines toiles de Johannes Vermeer (1632-1675) sont très connues comme La Dentellière conservée au Louvre ou La Laitière prêtée par le Rijksmuseum (une icône vermeerienne qu’on a aujourd’hui du mal à regarder tellement son image a été pervertie par la publicité), on découvre, grâce aux prêts consentis par les plus grandes institutions muséales internationales, des Vermeer moins connus.

Parmi eux, La lettre (vers 1670), une huile sur toile pleine de mystère et de romantisme représentant une femme écrivant une lettre, que l’on imagine amoureuse, ayant déjà froissé et jeté une première missive ; derrière elle, témoin silencieux et complice, une femme (sa servante) regarde par la fenêtre, surveillant peut-être une arrivée non désirée ou tout simplement rêvassant…Une scène de genre très prisée par les peintres du Nord au XVIIe siècle qui se plaisaient à représenter l’écriture -et la lecture-, dans des variations sensibles autour des thèmes du silence, de la concentration, de l’intemporalité.
C’est le propos de Gabriel Metsu avec cette Jeune femme lisant une lettre (une œuvre conservée, comme La Lettre de Vermeer, à la National Gallery of Ireland, à Dublin). Deux femmes sont également représentées dans son tableau, dans des positions assez similaires et une atmosphère tout aussi recueillie et intimiste. Tandis qu’assise sur une petite estrade proche de la fenêtre, la maîtresse de maison lit une lettre, à ses côtés, une domestique en tablier, seau à la main, soulève un rideau pour regarder un tableau, comme pour détourner pudiquement le regard le temps de la lecture. On ne manquera pas de s’intéresser à cette marine, un tableau dans le tableau qui fait aussi effet de fenêtre sur l’horizon, à cette autre lettre que la servante tient à la main, au chausson traînant négligemment sur le carrelage et à ce dé à coudre tombé à terre…Une poésie secrète des objets qui rend d’autant plus fascinante et romanesque cette composition.

Parmi les autres thèmes représentés par Vermeer et les maîtres de la scène de genre, et qui sont regroupés dans l’exposition, il y a : la visite (impromptue, espérée ou importune), le miroir et la toilette, le repas plaisir avec vin et huitres (Gerard ter Borch y excelle avec cet homme entraînant une femme à boire du vin blanc), la musique ou encore la connaissance (L’Astronome -conservé au Louvre- et Le Géographe de Vermeer dominant cette série).
Pour autant, Vermeer n’a pas toujours été l’initiateur de ces scènes, il les a plutôt réinterprétées, transformées et ce qui frappe quand on compare ses tableaux à ceux de Gerard ter Borch (1608-1681), Gérard Dou (1613-1675), Jan Steen (1626-1679), Pieter de Hooch (1629-1684), Gabriel Metsu (1629-1667), Frans van Mieris (1635-1681) ou encore Caspar Netscher (1639-1684), c’est leur plus grande sobriété, le don de Vermeer d’aller à l’essentiel dans la composition, de remplacer la brillance par la lumière.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 22 février au 22 mai 2017
Louvre
Hall Napoléon
Tous les jours, sauf mardi, de 9h à 18h
Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22h
Tarif unique entrée musée : 15€
www.louvre.fr


 À voir aussi au Louvre :
Chefs-d’œuvre de la collection Leiden. Le siècle de Rembrandt. Du 22 février au 22 mai 2017.
« Valentin de Boulogne, réinventer Caravage ». Du 22 février au 22 mai 2017.


Visuels :
 Johannes Vermeer, La Lettre, vers 1670. Huile sur toile. 72,2 x 59,7 cm. Dublin, National Gallery of Ireland. Sir Alfred and Lady Beit, 1987 (Beit Collection) © Dublin, National Gallery of Ireland.
 Gabriel Metsu, Jeune femme lisant une lettre, 1664-1666. Huile sur panneau, 52,5 x 40,2 cm. Dublin, National Gallery of Ireland. Sir Alfred and Lady Beit, 1987 (Beit Collection) © Dublin, National Gallery of Ireland.