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Marcel Storr, bâtisseur visionnaire

Entre art brut, art populaire et art naïf, l’œuvre de Marcel Storr (1911-1976) est du domaine de l’inclassable. On ne sait presque rien de l’homme. Enfant abandonné, placé par l’Assistance publique dans des fermes où il était battu, Storr, devenu sourd, condamné à l’illettrisme, a toujours aimé dessiner. Son œuvre fut découverte par hasard en 1971. Sa femme, concierge dans un lycée, confie à Liliane Kempf, parent d’élève, le secret de son mari qui jamais ne voudra exposer un seul de ses dessins et encore moins en vendre. Pourtant Marcel Storr, simple balayeur au bois de Boulogne – ou « cantonnier d’empierrement saisonnier » des parcs et jardins de la Ville de Paris, selon son statut officiel – est un dessinateur de génie, un artiste inspiré. Tout au long de son existence, il a poursuivi avec obsession la construction d’un univers entièrement sorti de son imaginaire, édifiant d’invraisemblables cathédrales aux flèches effilées comme des aiguilles, puis dans une seconde période, libéré de son inspiration religieuse, des cités fantastiques telles d’étranges « Babylone » futuristes, multipliant les Tours de Babel dans une exaltation mégalomane pour les gratte-ciel. Il recrée un Paris imaginaire dans ses dessins et déclare : "Quand Paris sera détruit
par la bombe atomique, le Président des Etats-Unis viendra me voir et
on pourra tout reconstruire avec mes dessins. Ne doutant pas de son génie, jugeant que Picasso ne sait pas dessiner, il « construit » inlassablement des cités utopiques sans respect des proportions, mais dans un luxe de détails : jardins suspendus, lacs, véhicules à hélices, nuées d’oiseaux, personnages lilliputiens grouillant comme des fourmis au pied d’écrasantes architectures.
Son œuvre comprend au total une soixantaine de dessins coloriés au crayon ou aquarellés à l’encre, avec une prédilection pour les rouges d’automne.
Propriété de Liliane et Bertrand Kempf, ces 60 dessins parfois de très grandes dimensions, et de plus en plus complexes au fil du temps, sont tous présentés au Pavillon Carré de Baudouin, ancienne « folie » construite au XVIIIe siècle pour servir de lieu de plaisir, de fêtes et de villégiature. Le parcours en quatre étapes, correspond à quatre périodes de la production de Storr avec un fil conducteur chronologique. Une série d’agrandissements photographiques de certains détails sont également proposés afin d’offrir un deuxième niveau de lecture que permet difficilement la vision globale de ces œuvres étonnantes.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 décembre 2011 au 31 mars 2012
Pavillon Carré de Baudouin
121, rue de Ménilmontant - 75020 Paris
Du mardi au samedi, de 11h à 18h
Fermé les jours fériés
Tél : 01 58 53 55 40
Entrée libre
www.mairie20.paris.fr