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Dessins français du XIXe siècle, de Corot à Léon Bonvin

Abritée au sein de l’Hôtel Turgot acquis par le collectionneur et historien d’art néerlandais Frits Lugt (Amsterdam 1884-1970 Paris) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour y héberger ses ensembles exceptionnels de dessins, gravures, livres anciens, peintures, lettres d’artistes, mais aussi miniatures indiennes, cadres, porcelaines chinoises et œuvres antiques (https://lagoradesarts.fr/-Fondation-Custodia-les-exceptionne... ), la fondation Custodia n’a cessé d’enrichir son fonds d’œuvres, notamment de dessins, en suivant le goût de Frits Lugt qui appréciait tout particulièrement le genre du paysage.

Jusqu’au 8 janvier 2023, elle expose un florilège de ses dessins français du XIXe siècle, pour la plupart des vues de la nature et quelques portraits. On y retrouve les grands noms : Corot et ses vues des environs de Rome. Marius Granet et ses aquarelles lumineuses de La Montagne Sainte-Victoire vue de sa propriété de Malvallat ou cette attirante terrasse ensoleillée dominant la Méditerranée à Castellar, près de Menton. Les trois frères Flandrin dont Paul avec sa Vue depuis le sommet du Vésuve d’une belle minéralité. Gustave Doré et sa Vue de la forêt à Westbridge à l’atmosphère fantastique digne des contes de Perrault qu’il illustra en 1862. Le très productif Paul Huet avec de belles vues d’Apt. Johan Barthold Jongkind représentant un Montmartre inhabituel avec un terrain en friche et quelques cheminées d’immeubles en arrière-plan. Les peintres de Barbizon, évidemment, dont Jean-François Millet et surtout Théodore Rousseau ce véritable portraitiste de la forêt de Fontainebleau dont on découvre ici l’immense fusain Le Chêne de la Reine Blanche. On appréciera aussi ce fusain estompé jusqu’à l’épure de Léon Cogniet figurant des reflets de lune sur la mer.
Mais ce sont des talents injustement oubliés de nos jours et sortis de l’oubli qui souvent nous ravissent le plus. Ainsi ce croquis de pêcheurs tirant un filet au pied du Vésuve d’Alexandre Hyacinthe Dunouy, issu d’un carnet en contenant 55 et qu’on aimerait tant pouvoir feuilleter pour découvrir d’autres perles. Lionel Le Couteux et ses Falaises de bord de mer d’une grande économie de moyens, mais d’un rendu spectaculaire des éboulements au premier plan. Auguste Cabuzel avec une étude tout en finesse de six arbres dans un paysage silencieux entièrement blanc. Enfin, jolie découverte avec Caroline de Fontenay, dont on ne connaît que peu d’œuvres, parmi lesquelles une rare vue sur la Touques prise depuis une fenêtre à Trouville.

LÉON BONVIN (1834-1866) – UNE POÉSIE DU RÉEL

La Fondation Custodia poursuit son exploration d’artistes du XIXe siècle méconnus. Après Georges Michel en 2017-2018 (https://lagoradesarts.fr/-Georges-Michel-Le-paysage-sublime-.html ) ou encore la pratique du paysage en plein air avec la découverte de Charles Donker en 2021 (https://lagoradesarts.fr/-Sur-le-motif-Peindre-en-plein-air-1780-1870-.html), elle révèle la poésie des œuvres de Léon Bonvin (1834 – 1866). Forcé de consacrer ses journées au travail dans l’auberge familiale située à Vaugirard, Léon Bonvin peignit ses petites et délicates aquarelles loin du regard du milieu artistique et culturel parisien. Après des premiers dessins d’études d’ombres et de lumières exécutés à la pierre noire, il introduisit la couleur en puisant son inspiration dans son environnement immédiat : fleurs champêtres fourmillant de détails (Bouton de rose devant un paysage), minutieuses natures mortes évoquant Chardin (Nature morte au panier d’oranges), vues de la plaine encore rurale et ouvrière de Vaugirard (Route dans la Plaine de Vaugirard)…Avant de suicider dans la forêt de Meudon en janvier 1866, à l’âge de 31 ans. Une grande partie des œuvres de Léon Bonvin présentées à la Fondation Custodia est issue des collections du Walters Art Museum de Baltimore qui possède cinquante-sept œuvres de l’artiste sur les cent-seize connues à ce jour. Des petits bijoux.

Catherine Rigollet

Visuels : François Marius Granet (1775 – 1849), Terrasse à Castellar, 1846. Aquarelle sur un tracé au graphite, 165 x 241 mm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris.
Caroline de Fontenay (1807 – 1853), Avec vue sur la Touques, 1842. Plume et encre brune, aquarelle et rehauts de gouache, 289 x 239 mm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris.
Léon Bonvin (1834-1866), Route dans la plaine de Vaugirard, 1863. Plume et encre brune, aquarelle, 212 x 162 mm. Paris, Fondation Custodia, Collection Frits Lugt.
Léon Bonvin, Nature morte au panier d’oranges, 1863. Plume et encore brune, aquarelle sur un tracé au graphite, rehauts de gomme arabique. Baltimore, The Walters Art Museum.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 8 octobre au 8 janvier 2023
Fondation Custodia
121 rue de Lille 75007
Tous les jours sauf le lundi, de 12h à 18h
Tarifs : 10€/7€
www.fondationcustodia.fr