La trahison des images
Déjà 2500 ans avant J.-C. les hommes ont cherché à représenter le corps humain de manière la plus réaliste possible. Et à la Renaissance, la réinterprétation de l’Antiquité dans la statuaire occidentale offre des David à la musculature parfaite et aux veines de la main saillantes, comme le chef-d’œuvre de Michel-Ange. À partir des années 1960, des artistes ont poussé l’illusion de la réalité en s’efforçant de rendre fidèlement les textures même de la peau humaine et en sculptant des personnages grandeur nature. La palme de l’hyper-réalisme revenant à l’artiste australien Ron Mueck (né en 1958, qui vit à Londres) qui a véritablement bousculé notre regard dans les années 1990, poussant le réalisme jusqu’à représenter les pores et les poils de la peau, hérissant les nôtres face à ces êtres de chair et d’humanisme.
L’exposition Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps (titre emprunté à « La trahison des images » de Magritte) présente une des œuvres de Ron Mueck (Man in a sheet, 1997) au milieu d’une quarantaine d’autres du mouvement hyperréaliste signées : John Deandrea (American icon – Kent State, 2015), Sam Jinks (Woman and child, 2010), Patricia Piccinini (The Comforter, 2010), Berlinde de Bruyckere (Elie, 2009), Zharko Basheski (Ordinary Man, 2009-10), Kazu Hiro (Andy Warhol, 2013)…Des œuvres intrigantes souvent, dérangeantes parfois, dans un ensemble assez inégal toutefois.
C.R
Visuels : Ron Mueck, Sans titre (Man in a sheet), 1997. Silicone, fibre de verre, latex, mousse de plyuréthane, tissu.
Sam Jinks, Woman and Child, 2010. Technique mixte.
Photos : L’Agora des Arts.
