Lindner Claire - Artiste céramiste

Claire Lindner - Céramiste

Claire Lindner - Céramiste

Buisson n°4

Buisson n°4

Blooming n°3

Blooming n°3

Blooming n°4

Blooming n°4

Overflow n°1

Overflow n°1

Node n°1

Node n°1

Nuage

Nuage

Concrétions

Concrétions

Mandragottes

Mandragottes

Ramipède

Ramipède

Claire Lindner - Résidence Vallauris

Claire Lindner - Résidence Vallauris

Nourrie de l’observation contemplative de la nature et influencée par le courant biomorphique, Claire Lindner a fait de la terre la matière de son œuvre sculpturale pour suggérer des formes organiques végétales ou animales à la fois familières et énigmatiques. Brouillant la frontière entre matière inerte et matière vivante.

Sans doute était-il inscrit dans ses gènes que Claire Lindner, née en 1982 à Perpignan de parents céramistes, fasse de la terre la matière de son œuvre. Après l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg puis le Camberwell College of Arts de Londres, elle se lance à la fin des années 2000 dans ses propres recherches, s’essayant d’abord à la porcelaine formant des concrétions comme des stalagmites ou encore d’étranges petites choses rampantes, mi bêtes – mi plantes, des chimères nommées Ramipèdes et Mandragottes qui pourraient figurer dans le cabinet de curiosités d’un érudit humaniste du XVIIIe siècle. Elle est remarquée dès 2004 avec l’obtention du 1er prix de la « Jeune céramique européenne » au Festival Terralha de Saint-Quentin-la-Poterie, puis obtient en 2007 le « Golden Prize » for Ceramic as Expression lors de la compétition internationale de la IVe Biennale mondiale de Céramique à Icheon, en Corée du Sud.

À partir de 2013, sa série des Nuages, vaporeux, ventrues et à la force fécondante, comme dans la symbolique chinoise découverte lors d’un voyage, témoigne de sa maternité…et marque une rupture dans son travail. Elle abandonne la porcelaine pour le grès, cette matière plus malléable, étirable de l’intérieur, offrant plus de liberté, « qu’on peut travailler sans limite, comme une deuxième peau ». Claire Lindner s’ouvre aussi à la couleur en relation avec la lumière qui va augmenter la sensation de volume des formes, accompagner le mouvement de la matière.
Comme de nombreux artistes contemporains, elle a trouvé dans la céramique le matériau idéal pour évoquer plastiquement des dynamiques ou des processus organiques, ce fameux « biomorphisme » suggérant le vivant au moyen de formes abstraites, à la fois familières et énigmatiques. Une tendance artistique née dans les années 1930, à la croisée du surréalisme et de l’art abstrait, et portée par des artistes tels que Joan Miró, Hans Bellmer ou Jean Arp auquel elle voue une profonde admiration. En 2018, elle lui rend hommage dans une exposition à la galerie de l’Ancienne Poste à Toucy (Yonne) en la nommant « L’Air est une racine », du nom d’un des poèmes de l’artiste qui y évoquait joliment des pierres remplies d’air…Aujourd’hui, elle évoque d’autres influences comme celles de Georgia O Keeffe, qui a découvert qu’elle pouvait dire des choses avec des couleurs et des formes, Sheila Hicks, et son art textile sensuel hérité du Bauhaus unissant l’art et la vie ou encore Kate MccGwire, véritable virtuose de la plumasserie

Si Claire Lindner laisse la matière guider ses choix, attentive à ses tensions, à sa plasticité́ afin de créer une forme en lien avec la notion de forme vivante, c’est bien de sa proximité avec la nature dans laquelle elle vit, de son observation contemplative donnant matière à son imaginaire fécond que naissent depuis toujours ses séries de sculptures en forme de tubercules, rhizomes, feuilles, concrétions, boudins, colombins, etc, brouillant la frontière entre les formes organiques et artificielles. Leur configuration tout en rondeur évoque la douceur de l’argile, leurs couleurs pastel qui semblent avoir été poudrées sur la surface, du vert pâle au bleu turquoise en passant par des roses et des orangés sucrés, les enveloppent d’une suave sensualité. Le symbolisme s’y glisse souvent comme ces feuilles à l’incandescence des teintes réunies en un « buisson ardent ». Mais quelques fois, l’indétermination des formes laisse un peu d’espace à notre imagination comme ces pousses bourgeonnantes prêtes à éclore sous nos yeux (série Blooming). Leur capacité à nous les faire croire en mouvement, voilà ce qui rend ces formes vivantes et l’œuvre de Claire Lindner si pleine de vitalité et d’onirisme.

Catherine Rigollet (novembre 2022)