Vous consultez une archive !

Machu Picchu et les trésors du Pérou. 3000 ans de civilisation, des origines aux Incas

Découvert le 24 juillet 1911, à plus de 2 400 mètres, dans la forêt tropicale péruvienne, le sanctuaire inca du Machu Picchu a révélé au monde entier la civilisation de l’Empire Inca et ses trésors, avant que la Conquête espagnole en 1532 ne l’anéantisse. Une passionnante exposition nous ramène à l’apogée de l’empire Inca, en 1450, au cœur du Machu Picchu où vivaient quelque 750 personnes autour du chef suprême inca.
Le parcours débute par une courte vidéo de présentation sur grand écran qui nous fait survoler puis plonger dans les ruines de la cité mystérieuse construite et abandonnée en moins de cent ans. Elle rappelle que le Pérou a été le berceau de plusieurs cultures (Chavin, Mochica, Nazca, Lambayeque et Chimu) qui se sont succédées pendant 3000 ans, jusqu’au développement fulgurant de l’empire Inca au moment de la conquête espagnole au XVIe siècle, précipitant sa chute.

Au moyen d’une astucieuse scénographie narrative, c’est l’un des trois principaux héros mythologiques de l’ancien Pérou, Ai Apaec (culture Mochica), qui sert ensuite de guide, rendant la visite accessible au plus grand nombre, y compris aux enfants qui peuvent suivre sur de grandes illustrations murales (telle une BD), les aventures de ce petit personnage humain, casqué, affrontant les défis imposés par la nature, transformant son apparence pour se défendre, guerroyant avec de nombreux animaux sacrés, voyageant dans le ciel sur le dos d’un oiseau, dans le monde souterrain et jusqu’au fond de l’océan, afin de découvrir l’ordre céleste et éternel du monde andin. Un personnage héroïque qui meurt dans sa lutte finale avec le Monstre de l’Obscurité, mais renaît grâce à la Chouette Chamane et revient sur terre pour la féconder, réussissant aussi à ramener le Soleil qui va permettre la vie.

Au fil d’une dizaine de petites salles plongées dans une lumière saphir, sur fond sonore de crépitements de pluies, de cris d’animaux, de sons de tambours... (une bande-son enveloppante qui finit par être un peu pesante), le visiteur découvre dans leur écrin de verre 192 œuvres (Musée Larco de Lima), liées aux croyances et aux rituels du monde andin. Ce sont d’abord des objets en céramique qui nous renseignent sur la symbolique animale, tel le jaguar associé au pouvoir du Monde Terrestre, les condors qui volent haut vers le Monde Supérieur celui du soleil, de la lune de la pluie et des dieux, et les serpents symbolisant le Monde Intérieur ou souterrain, celui où vont les morts. La mort est très présente dans l’ancien Pérou, représentée ici par des masques funéraires, des gobelets cérémoniels et d’autres sacrificiels. En effet, pour que les cycles naturels continuent les hommes doivent présenter des offrandes aux dieux, comme des daims, associés à la fertilité, mais aussi des humains, enfants notamment. On admire le savoir-faire des orfèvres face à la finesse des bijoux exposés, comme ces parures somptueuses comprenant chacune : coiffe frontale, ornement de nez, collier et boucles d’oreilles. De véritables œuvres d’art en or (univers masculin) ou en argent (univers féminin), provenant de tombes royales ; leur valeur résidant aux yeux des sociétés préhispaniques surtout dans leur symbolique, à la différence des Européens qui y voient des métaux précieux à valeur économique. Sur terre, les seigneurs de l’ancien Pérou personnifient le pouvoir divin. Enterrés avec leurs parures et bijoux identitaires, ils deviennent de glorieux ancêtres et garantissent sécurité et protection à la communauté.

L’exposition, conçue par World Heritage Exhibitions (à qui l’on doit aussi l’exposition Toutankhamon en 2019), en partenariat avec le gouvernement péruvien, se clôt sur le Machu Picchu d’aujourd’hui, l’un des plus grands symboles de ce qui fut l’architecture et l’ingénierie Inca, entré au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1983. On y découvre la richesse de la biodiversité qui l’entoure, l’importance de la nature toujours aussi présente dans la vie andine et les efforts qui sont menés pour préserver ce site archéologique péruvien exceptionnel (avec un accès limité au site notamment). Avant de sortir de l’exposition, les addicts de la réalité virtuelle pourront survoler les vestiges de la citadelle inca, à vol de condor et par temps d’orage. Sensations garanties.

Catherine Rigollet

Visuels : Vue du Machu Picchu, Pérou.
Coiffe frontale avec félin et condors. Culture Mochica, Côte Nord Pérou (100-800 apr. J.-C.), or 18 carats.
Bouteilles en céramique, dont à droite bouteille avec anse pont à double goulot (culture Lima, 200-700 apr. J.-C.) et bouteille anse-étrier représentant un félin. Culture mochica (100-800 apr. J.-C.).
Masque funéraire représentant le visage d’Ai Apaec. Cuivre et coquillage de Strombus. Culture mochica, Côte nord (100-800 apr. J.-C.).
Bouteilles à anse étrier avec effigie Ai Apaec, avec une couronne du hibou et transformé en poisson-globe. Culture Mochica, Côte Nord Pérou (100-800 apr. J.-C.).
Trousseau funéraire en or d’un empereur Chimu datant de la période impériale (1300 apr.J.-C.)
Toutes les œuvres proviennent du musée Larco de Lima, Pérou. Photos : L’Agora des Arts, 14 avril 2022.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 avril au 4 septembre 2022.
Cité de l’architecture et du patrimoine
Tous les jours, de 10h à 19h
Tarif plein : 24€ le WE / 22€ la semaine et 20€/18€ pour les 4-14 ans (un peu cher !)
www.expo-machupicchu.fr