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Pastels du musée d’Orsay. De Millet à Redon

Triomphante au XVIIIe siècle avec Rosalba Carriera, Maurice Quentin de la Tour ou Chardin, qualifiés de « peintres au pastel », la technique passe de mode avant de connaître une véritable renaissance au milieu du XIXe siècle pour son velouté, sa délicatesse, sa plasticité et l’éclat de ses poudres. Riche d’environ 500 œuvres de cette période, le musée d’Orsay en a réuni une centaine autour de huit grands thèmes (portraits, bords de mer, scènes intimes, chimères…) et d’une cinquantaine d’artistes dont Millet, Boudin, Caillebotte, Manet, Vuillard, Cassatt, Devambez, Monet, et plus particulièrement Degas, Lévy-Dhurmer et Redon.

Ouvrant sur le splendide et lumineux Bouquet de marguerites de Jean-François Millet (vers 1871) derrière lequel se cache un visage de jeune-fille, le parcours aborde l’art du portrait, puis suivent les paysages ruraux et les marines avec une sublime Calanque méditerranéenne plongée dans des bleus intenses et acides de Lucien Lévy-Dhurmer (vers 1936), ou encore un petit Îlot en pleine mer de Degas (vers 1890). Les vues d’intérieurs font la part belle à des scènes familiales de Mary Cassatt et de Degas encore avec une femme à sa toilette dont il a le secret. Grand spécialiste du pastel comme l’évoque aussi l’exposition Manet/Degas présentée au musée d’Orsay jusqu’au 23 juillet 2023, ce maître des nues, des danseuses et des chevaux de courses fait l’objet d’une salle à lui seul tant ce médium fut pour lui fondamental et utilisé presque exclusivement à partir de 1888-1890, comme un aboutissement de ses recherches assidues sur le dessin et la couleur.

Pour répondre au matérialisme grandissant au XIXe siècle, des artistes se tournent vers un idéalisme arcadien, tel Alphonse Osbert avec ses paysages symbolistes immergés dans le bleu. Une couleur à l’aura décidément mystique. Également en quête d’une réalité intérieure face à celle inquiétante du monde, des artistes adoptent le pastel pour donner corps à un imaginaire foisonnant. Parmi eux, Odilon Redon avec sa sensuelle Coquille, symbolique du sexe féminin et récemment mise en parallèle avec le tableau L’Origine du monde de Courbet. Pour Lévy-Dhurmer, cette exploration passe souvent par la figure humaine comme sa mystérieuse Femme à la médaille (1896) ou par celle d’êtres hybrides comme sa célèbre Méduse (1897) dit aussi Vague furieuse. Une créature sur le point d’être engloutie par les flots ; un pastel visionnaire évoquant peut-être le passage de la vie à la mort.

Une plongée dans un monde de couleurs veloutées, de fragilité, de sensualité, de mystère et de pure poésie. Un régal.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 14 mars au 2 juillet 2023
Musée d’Orsay
Tous les jours, 9h30-18h
Nocturne jeudi jusqu’à 21h45
Fermé le lundi
Musée et expos : plein tarif : 16€
www.musee-orsay.fr


Visuels :
 Jean-François Millet, Le Bouquet de marguerites, vers 1871. Pastel sur papier beige et châssis entoilé, 68 × 83,5 cm.
 Edgar Degas, Danseuses, entre 1884 et 1885. Pastel sur papier, 75 × 73 cm. Dation, 1997.
 Lucien Lévy-Dhurmer, Méduse, en 1897. Pastel et fusain sur papier contrecollé sur carton. 59 x 40 cm.
Photos : © L’Agora des Arts.-