La vidéo Brave Old New World (2011) de Samuel Rousseau, est l’une des œuvres exposées dans la très belle exposition Babel, à découvrir jusqu’au 14 janvier 2013 au Palais des Beaux Arts à Lille. Projetée sur un bas-relief, elle propose durant 4 minutes la vision d’une Babel de gratte-ciels et de cheminées en surchauffe et dont la pérennité est tributaire de son entretien par les hommes, et d’un principe de raison : ne pas pousser la machine trop loin pour éviter l’explosion, métaphore du crash et évocation de la course au sommet que les hommes mènent depuis toujours.
On peut la retrouver au Creux de l’enfer, où ce talentueux artiste français, tout à la fois plasticien, vidéaste et photographe (nommé au Prix Marcel Duchamp 2011) a disposé ses installations sur les deux niveaux des 500 m2 du centre d’art. « Chaque nouvelle création vidéo de Samuel Rousseau, comme Un monde-machine mis en abîme, anticipe d’un pas supplémentaire un avenir monde irrévocable (...). Le monde entier semble être devenu une seule ville géante et un complexe industriel en mouvement perpétuel, une giration mécanisée », commente Frédéric Bouglé, directeur du Creux de l’enfer.
Les installations de Samuel Rousseau fonctionnent telle une narration sur l’absurdité de la condition humaine, tournant en boucle pour que le spectateur se retrouve interpellé comme devant une sculpture ou une peinture. Pour concrétiser davantage cet effet, l’artiste incruste (ou mixte) ses vidéoprojections et écrans LCD dans des objets communs : palettes de bois, pneus, bâche, non sans dérision et poésie, un peu à la façon de Nam June Paik. Né à Marseille en 1971, Samuel Rousseau vit et travaille à Grenoble depuis une vingtaine d’années.
Catherine Rigollet
Visuel de l’affiche avec Brave Old New World , 2011