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Kati Horna. Photographe avant-gardiste

Dans les bouleversements de l’après-Grande Guerre, l’exacerbation des nationalismes et la montée des régimes autoritaires, voire fascistes, la liberté artistique est menacée et ceux qui ont choisi de vivre libre en artiste, d’autant plus s’ils sont juifs, n’ont bien souvent que l’exil comme solution d’existence. Tel est le sort de la photographe hongroise Kati Horna (1912-2000) qui la mènera de Budapest au Mexique par Berlin, Paris et l’Espagne de la guerre civile. De cette amie des photographes Capa et Weisz, le Jeu de Paume présente la première rétrospective, en collaboration avec le Museo Amparo de Puebla (Mexique), à travers plus de 150 œuvres, photos d’art et photos de reportage, provenant de collections publiques et privées, pour la grande majorité très méconnues. Frottée aux avant-gardes berlinoises et parisiennes, Kati Horna a alterné photo-reportages, sur la guerre civile espagnole notamment au cours de laquelle elle rencontre son futur mari, l’anarchiste andalou José Horna, et séries de contes visuels (la série Hitlerei de 1937 où un œuf grimé en Hitler gesticule devant d’autres œufs marque son style décalé et son regard ironique) qui font sentir son influence surréaliste dans les thèmes et les méthodes de collage narratif, photomontage ou surimpression. Attirée par le fantastique, Kati Horna sait aussi saisir l’humanité du réel. Au Mexique, où elle s’installe dès 1939, Kati Horna devient aussi la portraitiste de ses amis exilés, témoignant d’un monde cosmopolite dans lequel elle a vécu toute sa vie, et de l’avant-garde artistique mexicaine dans les décennies d’après la seconde guerre. On découvre aussi son intéressant travail, très souvent onirique, que publient les revues comme S.nob où se distinguent les séries Ode à la nécrophilie et Paradis artificiels. Une photographe d’une grande originalité et d’une grande variété de tons dont l’œuvre s’inscrit dans une époque où la photographie fait preuve d’innovation et d’imagination, heurtée donc très influencée par les tragédies historiques de cette période de tourmente.

Jean-Michel Masqué

 À voir également au Jeu de Paume jusqu’au 21 septembre 2014 les œuvres d’Oscar Muñoz,
né en 1951 à Popayán (Colombie), l’un des artistes contemporains les plus importants de son pays natal, qui développe, depuis plus de quatre décennies, une œuvre autour de l’image en relation avec la mémoire, la perte et la précarité de la vie.

Visuel : Kati Horna, Sans titre, série Hitlerei, en collaboration avec Wolfgang Burger, Paris, 1937. Tirage gélatino-argentique, 16,8 x 12 cm. Archivo Privado de Fotografía y Gráfica Kati y José Horna © 2005 Ana María Norah Horna y Fernández.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 3 juin au 21 septembre 2014
Jeu de Paume
1, place de la Concorde - 75008 Paris
Mardi : 11h-21h
Mercredi à dimanche : 11h-19h
Tarif plein : 10 €
www.jeudepaume.org