Dans l’ancien Doyenné de Brioude, bâtisse médiévale transformée en centre d’art, une soixantaine de toiles et de papiers raconte en cinq chapitres les différents moments de la vie et carrière d’Hans Hartung (1904-1989). Après la belle et double exposition en 2016 à Aubagne, au Centre d’art Les Pénitents Noirs et au musée de la Légion étrangère, (Légion qu’Hartung a rejointe durant la Seconde Guerre mondiale, côté français) et la rétrospective au Musée d’art moderne à Paris en 2019, c’est une nouvelle et belle opportunité de (re)découvrir son œuvre prolifique et plurielle d’une grande intériorité, qui résonne de moments de vie intense.
Conduite par Jean-Louis Prat en partenariat avec la Fondation Hartung-Bergman, l’exposition « Hans Hartung. Une liberté salutaire » ouvre sur son célèbre Autoportrait de 1922 avec ce regard fier et défiant d’un jeune artiste allemand de 18 ans qui a choisi de devenir peintre français et qui affichera toute sa vie une totale indépendance d’esprit, tant dans sa manière de vivre, de penser que de s’exprimer. Durant près de soixante-dix ans, il sera un homme de l’action et du geste, et ne cessera d’innover sur le plan formel et technique, produisant un nombre considérable d’œuvres (15 000). Ses premières œuvres non figuratives des années 1920. Ses taches, touffes et gerbes d’un expressionnisme abstrait des années 1930. Ses séries de têtes de souffrance exprimant effroi et fureur durant la guerre. Son lyrisme une fois la paix revenue dans lequel on perçoit une gestualité de plus en plus rapide et nerveuse, annonciatrice de ses futurs grattages. Puis à partir des années 1970, installé avec son épouse, l’artiste Anna-Eva Bergman, dans un bel atelier ouvert sur la nature à Antibes, la couleur qui explose dans une esthétique pop de bleu cobalt, jaune citron, orange, rouge vermillon. Si Hartung est alors cloué dans un fauteuil roulant, il sulfate la peinture sur des toiles gigantesques dans une créativité euphorique.
C.R